Si le musée vous a beaucoup manqué et que vous avez besoin de vous abreuver d’art en ce moment, vous serez comblés avec l’immense exposition présentée au Centre Pompidou !
Elle met en avant les artistes femmes qui ont alimentées ce grand mouvement de l’art abstrait -où la signification de l’œuvre est compris dans sa forme irréel- ayant dominé tout le XXème siècle. Ce n’est pas un hasard si nous sommes surpris de l’abondance des styles et sujets représentés, là est l’unicité de ce courant qui a, à l’époque, révolutionné les méthodes artistiques académiques. L’art abstrait ne représente pas un objet ou un sujet réel ou imaginaire, seulement des formes et couleurs pour elles-mêmes…
Lorsque nous évoquons chaque mouvement artistique, nos références sont toujours masculines. Il est temps de casser les codes ! Surtout quand on remarque que certains de ces hommes au rayonnement international ont copié le travail de femmes toujours, elles, invisibilisées… C’est, par exemple, le cas de Mondrian qui va reprendre la double ligne sur fond blanc que Marlow Moss a inventé.
Alors, cette exposition a pour vocation de montrer au grand jour les apports que les femmes artistes n’ont cessé de donner à ce courant artistique qui a totalement délaissé le figuratif pour laisser s’exprimer les formes et les couleurs dans toute leur liberté. 500 œuvres réalisées par une centaine d’artistes femmes de 1861 à 1980 sont exposées ; de quoi aborder différents axes de ce mouvement entre danse, photo, sculpture, textile, peinture, architecture, cinéma, politique. Un large panel de créations et de styles qui vont du symbolisme sacré à l’essentialisme.
Parmi elles : Abakanowicz, Adnan, Vanessa Bell, Benglis, Dadamaino, Dulac, Wook-kyung Choi, Irene Chou, Monirr Farmanfarmaian, Fer, Maria Helena Vieira da Silva, Heilmann, Barbara Hepworth, Georgiana Houghton, Virginia Jaramillo, Khal, Lippard, Verena Loewensberg, Tania Mouraud, Murray, Vera Pagava, Palucca, Pindel, Pollock, Lioubov Popova, Sanchez, Helen Sanders, Atsuko Tanaka, Thiemann, Anna Woodsey Thomas et bien d’autres…
Vous y verrez de grands tableaux à l’allure décorative, des films poétiques, des performances magnifiques entre danse et théâtre, des sculptures brutes intrigantes ou rigolotes, du modélisme, de la tapisserie impressionnante, de l’architecture originale, des couleurs vives, bref, des mondes uniques qui se répondent côte à côte et trouvent écho l’un en l’autre.
Cette déambulation au sein de cette majestueuse exposition enrichie le spectateur par son aspect pédagogue. Toutes ces différentes femmes et leurs innombrables œuvres va jusqu’au Moyen-Orient en passant par l’Asie avant d’arriver en Amérique Latine. Une mise en perspective globale délibérée pour raconter une histoire à plusieurs voix et dépasser le canon occidental. Elle est juste : chaque artiste a participé activement à l’évolution de l’abstraction, ce mouvement qui embrasse de multiples définitions. Elles ont, sans que nous le sachions avant, inspirées, influencées, participées et inventées.
Il est bien de nous rappeler que l’histoire de l’art est biaisée par cette invisibilisation des figures féminines qui ont pourtant joué un rôle majeur.
Aujourd’hui, il est grand temps de réécrire l’histoire, pas seulement de l’abstrait mais de l’art dans son ensemble qui, à l’image de la société, était lui aussi sous domination patriarcale.
Mathilde Nicot
Du 5 mai au 23 août 2021
Centre Pompidou, Place Georges Pompidou, 75004 Paris
De 11h à 21h, tous les lundis, mercredis, vendredis, samedis, dimanches ; 11h à 23h, tous les jeudis