En attendant Bojangles
Lorsqu’Olivier Bourdeaut publie son premier roman, celui-ci est trop rapidement qualifié de léger et loufoque. En réalité il traite du sujet difficile de la folie au travers de l’histoire d’une famille qui se refuse à céder au fatalisme et aux conventions sociales. Une famille qui s’empresse de vivre avant qu’il ne soit trop tard, quitte à choquer et à remettre en question les modèles convenus. D’un bout à l’autre du texte, l’auteur exprime surtout une folie sucrée de trois personnages qui s’aiment d’un amour profond, envers et contre tout. Mondains, exubérants, fantasques… peut-être. Et alors, nous dit Olivier Bourdeaut. Le bonheur a un prix qu’il faudra payer tôt ou tard. Autant en profiter pour que les plus beaux souvenirs l’emportent sur la destinée fatale.
Le succès du roman sera fracassant, tout comme son adaptation au théâtre, et ce n’est que justice. Trois comédiens truculents et cocasses nous embarquent dans leur joie de vivre, nous font partager leur envie de mordre l’existence à pleines dents. Le regard des autres, les contingences matérielles restent bien peu de choses, surtout quand pointe à l’horizon le malheur et la séparation. Le metteur en scène Victoire Berger-Perrin parvient magistralement à rendre l’urgence dans laquelle le trio doux-dingue décide de maintenir. On ne s’ennuie pas une fraction de seconde, passant du rire aux larmes à voir cette famille rester soudée, coûte que coûte.
Et puis au final, qu’est-ce que la folie ? Ne pas renoncer, ne pas céder à la facilité en acceptant trop rapidement l’enfermement. L’inéluctable pointera son nez bien assez tôt alors faisons de la vie une fête. Dansons sur Nina Simone et aimons-nous à en crever. Comme on aime le théâtre, illusion parfaite pour oublier l’horreur du monde. Un grand moment sur scène, l’expression la plus belle de ce que doit être un spectacle vivant auquel on rêve d’assister chaque fois que l’on pénètre dans une salle.
Le pitch :
Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur Mr Bojangles de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis.
Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mademoiselle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères.
Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte. L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom.
Cette pièce fut nommée aux Molières 2018 pour le Molière de la Comédienne dans un spectacle de Théâtre privé pour Anne Charrier, remplacée par Julie Delarme jusqu’au 28 juillet 2018.
En attendant Bonjangles
Auteur : Olivier Boudeaut
Mise en scène : Victoire Berger-Perrin
Avec : Julie Delarme, Didier Brice et Victor Boulenger
Du 11 mai au 28 juillet 2018, du mardi au samedi
Théâtre de la Pépinière
7 rue Louis Le Grand
75002 Paris
David Fargier