En quête de liberté

Tandis que le soleil signe son grand retour, les lieux culturels prennent plaisir à rouvrir leurs portes. La saison estivale commence, et celle-ci est prometteuse. Cette année encore, le Centre des Monuments Nationaux est pleinement de la partie : avec la complicité de la Saison Africa2020, de l’AFD et du Comité des mécènes, l’invité est d’honneur et le lieu, d’exception. Au cœur de la capitale, sous l’architecture mythique et chargée d’histoire de la Conciergerie, prenez le large et laissez-vous porter sur les flots d’une exposition de bonheur, un havre de paix incarné par la figure artistique internationale ghanéenne, El Anatsui.

Lorsque vous franchirez ces portes, un sentiment d’envol prendra possession de votre corps. Le temps s’arrête, il est à la méditation. Devant, deux longues rivières filantes, elles sont drapées, illusionnistes et donnent l’impression d’un merveilleux mouvement, celui de l’harmonie, du repos. Elles sont le reflet du Temps qui passe, la recherche indécente de ce qui est déjà écoulé, perdu.

Parmi les voûtes et les colonnes, de part et d’autre de l’espace, des cheminées. Elles sont brillantes car recouvertes de six sculptures métalliques. Comme des armures faites de capsules et de lames de canettes de sodas, elles représentent le vagabondage artistique ; celui qui vise à se construire tout en inscrivant sa démarche dans un vent d’expérimentation de la matière, des formats et de la sensibilité.

Cette installation inspire ; les éléments de la nature qui y sont présentés (le bois, le vent, le métal, la pierre, l’eau…) s’assemblent dans une synergie envoûtante. D’ailleurs, sur place, vous pourrez y trouver une cinquantaine de pierres. Elles ne sont pas là par hasard. Au contraire, elles appellent le visiteur à prendre place, à lâcher prise dans un moment de solitude de manière à s’approprier les lieux. Pendant que l’esprit se balancera dans les bras d’un Morphée protecteur, les énergies qui habitent les œuvres entameront leur voyage. Elles vont se rencontrer puis fusionner jusqu’à devenir qu’un seul et même lien ; celui de l’humanité :

« Je crois que quand un être humain touche quelque chose, il lui transmet une forme d’énergie ; il y a donc un lien entre tous les gens qui ont manipulé l’un de ces multiples éléments » – El Anatsui, juillet 2020

Cette carte blanche à l’artiste El Anatsui est une véritable aubaine. La scénographie de l’exposition est une poésie et ses composantes sont des vers.  Le poète, quant à lui, est une personnalité unique que la commissaire générale de la Saison, N’Goné Fall, qualifie volontiers du « meilleur de tous ».

Un vent souffle, la liberté.

Irina Bengouirah

Du 20 mai au 14 novembre 2021

La Conciergerie de Paris, 2 Boulevard du Palais, 75001 Paris.

Ouverte tous les jours de 9h30 à 18h. Réservation conseillée sur le lien suivant :  https://ticket.monuments-nationaux.fr/Offres.aspx?anchor=tarif

Cette carte blanche fait l’objet d’une publication aux Éditions du patrimoine dans la collection « Un artiste, un monument ». 32 pages – 5 euros.