Ernest Pignon Ernest, l’artiste

Ernest Pignon Ernest, l’artiste

Depuis 50 ans, Ernest Pignon Ernest déguise des villes avec ses fresques murales, citations directes de phénomènes contemporains, qui le touchent ainsi que sa génération.

La carrière de cet artiste niçois s’allonge avec les années, et ne cesse de s’enrichir, à mesure qu’il trace son chemin sur les murs de Paris et de Nice particulièrement. Le lieu où son art prend vie n’est pas anodin, puisque c’est par leur environnement que les représentations picturales prennent tout leur sens.

Les œuvres de Pignon Ernest sont éphémères, et leur intégrité s’efface avec le temps et les intempéries. À la manière de Banksy, l’artiste a choisi la rue comme théâtre de son Art, directement lié à l’actualité souvent sensible. L’objet des affiches collées dans certains quartiers, sur certains immeubles désaffectés, est d’accompagner des mutations. Cela explique le choix d’un Art que l’on pourrait qualifier de « provisoire », bien qu’il reste dans les mémoires.

Plus généralement, Pignon Ernest s’inscrit dans une lignée d’artistes pour qui l’Art peut sortir de sa nature sacralisée, en s’exposant au grand jour, aux yeux de tous passants. Ainsi, l’Art vient à la rencontre de ceux qui ne le chercheraient pas naturellement. Cette délocalisation des œuvres témoigne du lien fort et indissoluble qu’entretiennent ces affiches avec leur support : murs d’immeuble en destruction, grillage, etc. Toute la symbolique est créée par un jeu de dialogue entre ces œuvres et la rue.

 

Ernest pignon-Ernest, en plaçant là ces dessins qu’il reproduit à l’aide d’une méthode appelée sérigraphie (qui peut s’apparenter au système de pochoirs), les inscrit dans un espace particulier qui leur donne tout leur sens. Pour cela, il étudie minutieusement le décor qui devient partie intégrante de son Art. D’autre part, la lumière, la texture, ou les couleurs adjacentes sont prises en considération. Le lieu élu par Pignon-Ernest pour faire figurer son travail détermine l’identité même de l’œuvre et lui donne tout son sens. Il s’agit de faire passer le message. Que ce dernier soit politique, poétique ou social. L’Œuvre existe parce qu’elle s’appuie sur une Histoire, un environnement particulier, voué à disparaître…

A propos de ses interventions, Ernest déclare : « … le moment le plus poétique, c’est quand je viens coller la nuit, c’est le moment où je mets en relation tout le potentiel symbolique, la charge des lieux et cet élément de fiction que je viens glisser là-dedans (…) » Ce travail sur l’espace urbain s’intègre dans la vie de la cité, de ses habitants, qui se retrouvent confrontés à un art de rue, avec l’entière liberté de l’interpréter à leur manière. Ce qui rend l’Art de Pignon Ernest si précieux et si simple à la fois, c’est sa fusion avec la frénésie urbaine.

Voir sa galerie sur : http://pignon-ernest.com

Alice Cubillé, étudiante à Sciences Po Lille en 1ère année