Pour la première fois, l’artiste britannique Patrick Goddard nous livre une exposition personnelle, Essaims, hordes, fléaux !, à la Fondation des Artistes MABA.
L’art de Goddard est pluriel : sculptures, installations et films. Ces sculptures sont faites en matériaux recyclés et récupérés à Londres.
À travers cette exposition, on ressent les questions traitées par l’artiste sur le futur de la nature, de l’urbanisation et de la xénophobie. Une réelle réflexion sur les différentes politiques d’exclusion à travers ses œuvres.
Une série de quatre dioramas représentant des villes anglaises des années 60 envahies par des escargots, représente assez bien ce mode de pensée. Les escargots tels des aliens prennent possession d’un monde qui n’est pas le leur, comme pour exiger un retour à la nature, au vrai monde.
On voit d’ailleurs au fil de son travail une vraie consécration – voire fascination – pour les invertébrés : escargots, araignées, vers… Ces créatures qu’on ne cesse de vouloir repousser loin de nous, alors qu’une fois notre mort elles viennent nous ronger et nous infester.
Dans Hard Border (where the world meets the shore) réalisé en 2024, une fenêtre guillotine abimée s’expose à nous, plusieurs insectes en plomb gisent sur le sol à ses pieds. Cette œuvre est une référence directe aux frontières géographiques pour lesquelles se bat le monde, en particulier pour l’Angleterre.
Dans une pièce plongée dans une lumière rouge avec le sol couvert de foin, on découvre l’une des deux comédies satiriques de l’artiste, Animal Antics, qui met en scène l’héroïne canine Whoopsie, un Bichon Frisé capable de parler.
Dans ce premier court-métrage, Whoopsie se balade avec sa maîtresse, Sarah, dans un zoo. À chaque nouvel animal, une nouvelle discussion commence, voire parfois un débat. Whoopsie parle parfois de ses congénères comme si elle-même n’était pas un animal, elle les juge avec mépris ou les réduit seulement à de petites choses mignonnes.
Un film traitant de la domestication de ces animaux sauvages qui n’ont sens pour nous que s’ils ont une utilité.
Un immense mobile est suspendu dans un vestibule, avec des animaux rembourrés en mousse on observe les ombres se former. Voulant nous donner un sentiment nostalgique sur cette faune débordante, cette œuvre critique l’extinction de masse qui nous cerne.
Pour finir cette exposition, nous retrouvons à l’étage Whoopsie et ses rêves dans Whoopsie’s Dream. Ce film vient nous questionner sur la question de l’habitat ; qui est-ce qui peut rentrer chez nous ? Quelles sont les limites qui font que c’est notre chez-soi ? Dans un genre horrifique parodié, le Bichon se retrouve dans une des villes envahies par les escargots après que sa maison ait été infestée par de nombreux insectes.
Une belle première exposition en France qui nous donne envie d’en voir plus sur Patrick Goddard…
Naïs Carst
Du 25 avril au 7 juillet 2024
MABA, 16 rue Charles VII, 94130 Nogent-sur-Marne
En semaine de 13h à 18h, Le week-end de 12h à 18h – Fermeture le mardi et jours fériés