Esther Ferrer et La Ribot au Frac Franche-Comté

Deux expositions en dialogue

Au Frac de Franche Comté, sont présentées deux expositions mettant aussi en dialogue le travail de deux artistes espagnoles – Esther Ferrer et La Ribot – qui soulignent autant les correspondances entre leurs œuvres mais aussi leur singularité.

« En effet, si Esther Ferrer s’inscrit exclusivement dans le champ des arts visuels et de la performance écartant toute spectacularité, la seconde poursuit une œuvre résolument transdisciplinaire s’exprimant aussi bien sur scène que dans les salles d’exposition d’un musée ou d’un centre d’art.

Leur esthétique est différente – sobriété formelle et distanciation pour Esther Ferrer, expressivité pour La Ribot – mais toutes deux partagent rigueur, énergie, humour et économie de moyens, et font du corps à la fois la matière première et le sujet de leur travail. Ce corps, ce peut être le leur propre, mais aussi celui des autres qu’elles associent souvent à leurs propositions, qu’il s’agisse de membres du public ou de danseurs et danseuses. » Sylvie Zavatta, directrice du Frac.

Esther Ferrer, Un minuto más (Une minute plus)

« C’est quoi la performance ?». Au mur, quarante-cinq définitions possibles, sous forme d’interrogations, qui disent bien la difficulté qu’il y a à définir cette forme artistique : « un manque d’idées ? », « une addiction ? », « un chemin ? », « un défi ? », « une liberté de faire ? », « et quoi encore ? », etc. »

Dans le hall du Frac, le ton est donné de ce qui est et sera présenté dans l’exposition, invitant le visiteur à se poser la question – des questions – et se mettre à l’écoute aussi bien qu’en position de participant actif face aux œuvres.

Au fil des salles, les installations interrogent sur la liberté, la place des femmes, la vie, la mort, le temps qui passe… et de ce que nous en faisons.

Née en 1937 à Saint-Sébastien en Espagne, Esther Ferrer vit et travaille à Paris. Esther Ferrer est surtout connue par ses performances, sa principale forme d’expression, seule ou au sein du groupe Zaj avec Juan Hidalgo, Walter Marchetti et Ramon Barce. Son travail s’est toujours plus orienté vers l’art/action, pratique éphémère, que vers l’art/production. C’est ainsi qu’elle fonde avec le peintre J. A. Sistiaga, dans l’Espagne du début des années 60, le premier « Atelier de libre expression ».

Mais c’est à partir des années 70 qu’elle consacre une partie de son activité aux arts plastiques : photographies retravaillées, installations, objets et des tableaux basés sur la série des nombres premiers.

Elle a représenté l’Espagne à la Biennale de Venise en 1999 et a reçu de nombreuses distinctions : le Prix Trace Gallery à Cardiff en Grande-Bretagne en 2006, le Premio Nacional de Artes Plásticas en 2008 (Prix National des Arts Plastiques), elle a reçu en 2012 le prix Gure Artea du Gouvernement basque, puis en 2014 le prix MAV (qui récompense les femmes dans les arts visuels), le prix Velázquez des arts plastiques et le prix Marie Claire pour l’Art Contemporain, le Tambour d’Or de la ville de San Sebastián Donostia et le prix Bernard Heidsieck au Centre Pompidou en 2022.

La Ribot, Attention, on danse !

Des œuvres visuelles, des captations de pièces dansées, des installations à s’accaparer, des photographies scénarisées, …. Chorégraphe et danseuse, La Ribot incite le spectateur a être acteur, à prendre part dans sa création, dans ses installations, à re-sentir son corps et son existence.

Née à Madrid, La Ribot vit à Genève et travaille à l’international. Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière de la Biennale de la danse de Venise 2020. Grand Prix suisse de danse par l’Office fédéral de la culture en 2019. Premio en Artes Plásticas de Comunidad de Madrid en 2018. Medalla de Oro al Merito en las Bellas Arte en 2015. Premio Nacional de Danza, Ministerio de Cultura, en 2000.

Son travail chorégraphique a été présenté, entre autres, à la Tate Modern (Londres), au Théâtre de la Ville de Paris, au Centre Pompidou (Paris), au Musée Reina Sofia (Madrid), au Festival d’Automne à Paris, à la Triennale d’Aïchi (Nagoya, Japon), à la galerie Soledad Lorenzo (Madrid), au Museu Serralves (Porto), à Art Unlimited – Art Basel, au S.M.A.K. (Gand), au MUAC (Museo Universitario de Arte Contemporáneo, Mexico DF).

Son travail visuel fait partie des collections privées et publiques du Musée Reina Sofia (Madrid), du Centre Pompidou (Paris), du CNAP – Centre national des arts plastiques (Paris), du MUSAC (Museo de Arte Contemporáneo de Castilla y León), de l’Artium (Centro – Museo vasco de arte contemporáneo), du FRAC Lorraine (Fonds Régional d’Art Contemporain) et du FMAC Collection d’art contemporain de la Ville de Genève…

Au-delà du dialogue

Les deux artistes partagent rigueur, énergie, humour et économie de moyens, et font du corps la matière première et le sujet de leur travail.

Dans la dernière salle, des maquettes, des croquis, des carnets, des vidéos… de l’une et de l’autre – bien que rangés, séparés, orchestrés (clin d’œil à Erik Satie qu’elles affectionnent toutes les deux), on arrive à considérer en regardant ces différentes pièces que l’une aurait pu créer ce que l’autre a réalisé.

Une double exposition qui se poursuit dans nos pensées bien longtemps après l’avoir quittée…

Véronique Spahis

Du 28 avril au 27 octobre 2024

Frac Franche-Comté, cité des arts, 2 passage des arts, 25000 Besançon

Ouvert de 14h à 18h du mercredi au vendredi – de 14h à 19h samedi et dimanche – fermé lundi et mardi.

www.frac-franche-comte.fr