Trois petites notes de musique… Devant les toiles d’Ewa Bathelier, je ne peux m’empêcher m’imaginer à l’Opéra, percevant un air de ballet tel que le Lac des cygnes ou Casse-Noisette – Tchaïkovski toujours. L’origine slave de tous les deux peut-être…
Des tutus de danseuses, des robes de soirées, des robes qui gardent l’empreinte du corps dévêtu.
Les coulures de peinture sur les toiles renforcent l’impression que ces vêtements délaissés continuent d’être habités et poursuivent les mouvements de leur propriétaire, graciles et aériens. Pas de châssis mais des toiles libres qui amplifient cette sensation. Accrochées sur des cimaises murales ou suspendues au milieu de la pièce, elles n’invitent pas seulement à la danse mais aussi à la conversation.
Nulle angoisse cependant dans cette confrontation même si ce face à face renvoie au face à moi, à un reflet, à un double – mon double – dans le miroir de la vie. Une solitude au milieu de la foule.
« La solitude est un élément principal de sa peinture. L’artiste utilise ses propres émotions dans une transcription subliminale souvent reçue comme absence-présence : le corps, nu et léger, apparaît d’une manière symbolique sur des fonds des déserts et des jardins pour disparaître ensuite en laissant juste une empreinte dans le vêtement vide abandonné ».
Serait-ce une des raisons pour que ces œuvres plaisent autant, et que même le galeriste, Pierre Kleimann, a du mal à s’en séparer… C’est d’ailleurs à l’Espace Saint-Germain que j’ai découvert le travail d’Ewa Bathelier il y a plusieurs années et que je me plais à y retourner régulièrement, découvrant à chacune de mes visites, de nouvelles créations.
Ewa Bathelier est née à Varsovie en Pologne. Venue d’une expérience scénographique («Va et vient » de Beckett en 1996), la robe est devenue son thème quasi obsessionnel en permettant une recherche sur la forme et la matière.
A découvrir à l’Espace Saint-Germain, 7 rue Guénégaud, 75006 – du mardi au samedi de 13 h 30 à 19 h 30.
Véronique Spahis