Fabrice di Falco, Chevalier de la Légion d’Honneur
Lundi 24 avril 2017 a eu la cérémonie de remise des insignes de chevalier de l’ordre national de la Légion d’Honneur à Fabrice di Faco au Ministère de l’Outre-Mer.
Madame Ericka Bareigts,Ministre des Outre-mer, a prononcé un magnifique discours :
Mesdames et messieurs,
Vous êtes venus nombreux à cette cérémonie pour témoigner votre respect, votre amitié, votre admiration pour Fabrice ROSALIE Di FALCO à l’occasion de cette cérémonie de remise des insignes de la Légion d’honneur. Ce moment est un moment unique dans la vie d’un citoyen : il vient distinguer votre talent, votre réussite et vos engagements, cher Fabrice ROSALIE Di FALCO.
C’est un honneur pour moi que de vous remettre la Légion d’honneur. C’est un honneur mais également un plaisir tant vous vous êtes investi pour l’art, pour la culture et pour les Outre-mer.
Si je devais trouver un fil rouge pour votre parcours, je choisirais ce mot : passion. Toute votre vie, vous vous êtes consacré, avec enthousiasme et générosité, à l’art lyrique. C’est cette vie de passionné que nous distinguons ensemble ce matin !
Originaire de Fort-de-France, en Martinique, vous révélez très tôt un don prodigieux : vous êtes doté d’une voix exceptionnelle. Vous dites : « J’ai une voix de femme dans un corps d’homme ». Cette voix unique et déroutante que vous possédez – une voix plus habituellement attribuée aux femmes – fait de vous un artiste entièrement à part, singulier, remarquable.
Votre talent sera soudain mis en lumière lors d’une rencontre fortuite avec la célèbre cantatrice américaine Barbara HENDRICKS. Assistant au récital qu’elle donne à Fort-de-France en 1992, à l’initiative de Jean-Paul CESAIRE, vous êtes émerveillé par cette voix sublime. Fasciné par la Diva, vous osez l’approcher et lui avouer votre passion, celle qui vous faisait, tout petit déjà, imiter Maria CALLAS. La cantatrice, qui est alors au sommet de sa carrière et de son art, se montre intéressée par votre voix si étonnante et vous fait passer une audition au cours de laquelle vous présentez un air des « Noces de Figaro ». Impressionnée, Barbara HENDRICKS vous conseille de rejoindre le Conservatoire National de Boulogne-Billancourt : vous en sortirez avec le premier prix de chant en 1999.
Doté d’une tessiture de sopraniste, vous connaissez dès lors une carrière remarquable. Vous rencontrez notamment un succès très important auprès de la critique internationale pour votre interprétation du rôle de Fak dans l’opéra de Régis CAMPO inspiré de la pièce de Koltès, donné à l’Opéra du Rhin et à celui de Nuremberg en 2015.
Invité dans des festivals internationaux renommés pour chanter des airs de castrats, vous vous produisez dans de très nombreux pays : Allemagne, Argentine, Russie, Japon, Suède, Italie, Roumanie, Azerbaïdjan, Bermudes…
Cette passion qui animé votre vie, l’art lyrique, vous ne vous contentez pas de la vivre : vous souhaitez la faire connaître au plus grand nombre.
Vous vous efforcez ainsi d’attirer de nouveaux publics. En 2013, au Festival d’Avignon, vous avez l’idée originale de mélanger le Slam à l’opéra et rencontrez un immense succès. Cette année-là est également marquée par votre hommage aux chanteurs, de Farinelli à Michael JACKSON que vous avez rencontré en 2006.
Très attaché à la musique religieuse baroque, vous vous produisez dans les églises de l’Hexagone, mais aussi en Martinique et en Guadeloupe où vous proposez un Vivaldi réorchestré en Jazz avec votre Quartet ainsi que des œuvres religieuses classiques.
Enfin, en tant que Martiniquais, vous demeurez très attaché à votre territoire ainsi qu’aux Outre-mer tout entier. En effet, parallèlement à vos différents engagements dans le monde entier, vous participez chaque année au Festival Musiciennes en Guadeloupe et en Martinique, par des duos avec des chanteuses de la Caraïbe.
Vous réalisez par ailleurs un hommage à cet immense artiste qu’est Aimé CESAIRE au Festival d’Avignon et, conscient que vous faites partie d’un même bassin caribéen, organisez un récital en faveur d’Haïti.
Vous tenez enfin à partager auprès des plus jeunes, et notamment des enfants, votre passion pour l’opéra et intervenez fréquemment au sein des établissements scolaires des Antilles. Je crois d’ailleurs savoir que le Rectorat a d’ailleurs salué votre investissement pour la « transmission » de l’opéra et de ses plus belles pages lyriques et musicales au jeune public.
Vous êtes par votre voix, par votre talent, par votre générosité, un ambassadeur de notre pays comme des Outre-mer. Salué par les critiques internationaux, vous êtes l’un des rares chanteurs d’opéra noir à se produire sur toutes les scènes du monde.
Vous partagez cette musique métissée, à l’image de notre société, à travers tant d’opéras, de concerts, de galas caritatifs et de master classes, que vous donnez aux élèves fascinés par votre voix aigüe d’homme.
Vous allez d’ailleurs nous montrer l’étendue de vos talents à la suite de cette remise de décoration en interprétant un air du Chevalier de Saint-Georges, compositeur, révolutionnaire et militant abolitionniste guadeloupéen. Ce choix est on ne peut plus approprié : en ce lendemain d’élection, nous avons besoin de nous souvenir des engagements des femmes et des hommes qui nous ont précédés et qui ont fait l’Histoire de France en portant haut les valeurs qui nous rassemblent.
Cher Fabrice ROSALIE di FALCO, En retraçant votre brillante carrière, je pensais à cette phrase de NIETZSCHE dans le Crépuscule des idoles : « Sans musique la vie serait une erreur ».
Vous nous montrez, par votre passion, par votre talent, par votre engagement, à quel point la musique est nécessaire à nos vies. Je vous en félicite sincèrement! Vous êtes au service de l’art lyrique, de l’opéra mais au-delà, de la culture qui fait la beauté de notre pays. Cet engagement, c’est ce que la République honore aujourd’hui.
Et c’est en distinguant des personnalités comme la vôtre que la République offre un modèle à tous ses enfants. La Légion d’Honneur est un encouragement pour que tous les citoyens donnent le meilleur d’eux-mêmes. Vous pouvez être fier du chemin parcouru et de l’exemple que vous incarnez. Ce chemin n’était pas tracé d’avance, il s’est construit grâce à vos expériences, vos rencontres, vos mérites.
Vous pouvez être fier des valeurs et des idéaux transmis par vos parents qui sont avec nous aujourd’hui et que je salue : je crois savoir qu’ils ont fait un long voyage pour assister à ce beau moment citoyen.
La République vous distingue aujourd’hui comme un homme qui a fait de sa vie, de ses vies, un engagement et nous sommes tous réunis autour de vous pour le reconnaître.
Je vous remercie.
Fabrice ROSALIE di FALCO, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, nous nous faisons Chevalier de l’Ordre National de la Légion d’Honneur.
Fabrice di Falco, accompagné du contrebassiste Julien Leleu, nous a offert un récital très applaudi :
Famille et amis étaient présents :
Photos : Alain Robert