Festival Street Art, « ONO’U was here » !

New York, Berlin, Valparaiso, Anvers, Barcelone… n’ont qu’à bien se tenir car depuis 5 ans c’est à Tahiti que cela se passe et nulle part ailleurs.

Sous l’impulsion de la trentenaire Sarah Roopinia, la 6^ème édition du Festival Street Art ONO’U continue de bousculer les codes tant à l ‘échelon local qu’international en mettant l’art au service du logement social en partenariat avec l’Office Public de l’Habitat.

Un peu d’histoire : Le saut d’obstacles commence dans cette décennie avec l’idée déjantée d’une vahiné à peine sortie de l’adolescence, diplômée de Sciences Po mais pas que, de créer un Festival Street Art sur son île à la stupéfaction générale. Même pas peur.

La passion a fait fi de toutes les incrédulités. Le professionnalisme de Sarah, la rapide adhésion du public, l’esprit rebelle de La Bounty flottant toujours dans l’air ont fait sortir de sa zone de confort le Fenua. Il se retrouve désormais propulsé sur la scène artistique internationale grâce à cette génération montante connectée, tout à la fois respectueuse des traditions et dans le « flow » .

En reo Tahiti « Ono » signifie « joindre », « u » se traduit par « couleurs », « ONO’U » ou « la rencontre des couleurs » se retrouve au service d’une ville qui, ces dernières années, a subi une accélération dans l’accroissement de sa pauvreté et la détérioration de ses logements sociaux.

Cette 6^ème édition est placée sous le signe du partage et de la solidarité avec pour objectif la revalorisation esthétique de résidences défraichies à travers la réalisation de fresques murales. Les habitants des logements sociaux concernés ont été consultés pour le choix et la validation des thèmes. Sarah Roopinia, fondatrice du Festival, ajoute « nous avons fait au mieux pour rendre notre démarche plus participative et inclusive ».

Le virtuose tahitien du tatouage et du graff, RAVAGE, exprime ses talents dans le quartier populaire de Faa’a. Sur un support king size, il mixe à la bombe sans relâche tatouages des Samoa, des Marquises, de la Société. Premier sur le terrain dans cette 6^ème édition, soucieux de partager les motifs ancestraux de sa culture dans une composition pluriethnique, RAVAGE nous invite au voyage. Le chromatisme de ses bleus évoque tout à la fois le ciel et la mer, éléments fondateurs de la culture polynésienne. Le mur est travaillé comme une peau dont l’artiste respecte les contours. Le corps se trouve projeté dans l’espace. Entre tradition et contemporanéité, RAVAGE affirme son identité.

Alors que le Street Art a longtemps été vécu comme une dégradation urbaine, depuis quelques années voilà qu’il prend sa revanche en devenant vecteur d’embellissement.

En Polynésie française, L ‘engouement est tel qu’il apparaît inenvisageable de recouvrir les fresques, sauf à vouloir déclencher une émeute. Papeete a dépassé le stade de laboratoire pour devenir un musée à ciel ouvert.

Non plus un art éphémère mais un art « effet mer », Papette, Raiatea, Bora-Bora, Moorea, furent au cœur des précédentes éditions. Ces dernières ont déjà attiré et séduit l’élite mondiale du Street-Art tels ADNATE (Australie), LEON KEER (Pays-Bas), CRANIO (Brésil), PEETA (Italie), OKUDA (Espagne), INKIE (Angleterre), HOXXOH (USA), KOBRA (Brésil), SETH (France), NILKO (France), ASKEW ( Nouvelle-Zélande)…

Cette année au programme : La poétique VINIE (France), le minimaliste MILLO (Italie), FINDAC (Irlande) et ses supers héroïnes, le pionnier du style photo-réaliste CASE MACLAIM (Allemagne), le champion du déchet BORDALO II (Portugal), le jeune tatoueur RAVAGE (Tahiti) et aussi une fresque collective sous la direction de trois street-arteurs du territoire DERAJ, SAUVAJ et TOREK.

Papeete sous les bombes…de couleurs, c’est maintenant !