« Florence Foster Jenkins » : *****
Je dis souvent que Meryl Streep est la plus grande actrice depuis Romy Schneider. C’est un avis totalement partial et il serait sans doute aisé de trouver d’autres comédiennes avec autant de talent. Aisé, vous êtes sûrs ?
Avec une telle filmographie qui fait d’elle, et de loin, la record woman des nominations aux Oscars ? On me rétorquera à raison que les récompenses n’ont rien avoir à l’affaire. Mais la liste d’excellents rôles dont Hollywood l’a gratifiée impressionne, pour le moins. C’est d’autant plus notable et méritoire que le cinéma américain, plus encore que le cinéma français ou européen, cède volontiers au jeunisme. Passé la quarantaine, les propositions se font rares, surtout pour la gente féminine.
Stephen Frears est britannique, me direz-vous…
Et bien lui en a pris de convoquer cette géante du grand écran pour incarner avec une naïveté, une sincérité et une émotion proprement désarmantes un OVNI de la musique. Nous nous délections déjà de cette incroyable histoire il y a quelques mois de cela, lorsque Catherine Frot endossait le costume de « Marguerite« , adaptation transposée dans les années 20 par l’excellent Xavier Giannoli.
Frears propose quant à lui un biopic très fidèle à l’original, dans ce New York des années 40, entre insouciance et implication forcée dans une guerre qui lui avait semblée bien lointaine.
La délicatesse de chaque plan saisi par le réalisateur vous met le coeur au bord des yeux. Son film est aussi généreux avec son héroïne que pouvait l’être cette riche héritière auto investie dans la mission de défendre la musique de manière acharnée, plus acharnée encore dès lors que le nazisme menaçait purement et simplement la civilisation en son acception la plus essentielle.
Cet ange un rien fantasque, sans doute beaucoup moins dupe d’elle-même et de son manque de talent qu’elle ne l’avouait, distribua l’amour pendant toute son existence. Une existence où le malheur de porter en son sein, depuis ses 18 ans, la douleur d’une syphilis cruelle et tellement injustement contractée, se trouvait enchevêtré au bonheur de chanter, comme un pied-de-nez absolu au destin. Et cet amour se révéla contagieux à un entourage qui, même par intérêt peu dissimulé et mal dissimulable, n’eut de cesse de jouer son jeu de petite fille gâtée et irrésistiblement attachante.
Streep montre combien elle a saisi jusqu’au fond de son âme ce qui animait Florence Jenkins, faisant preuve d’une grande générosité pour sublimer chacun de ses partenaires de jeu.
Au jeu vous vous y prendrez à votre tour, ne sachant plus si le sourire et les larmes chatouillant vos joues tiennent aux notes sublimes de Camille Saint-Saens et Chopin ou à celles qui ruissellent sur le visage d’une actrice au sommet de son art.
David Fargier – Vents d’Orage
Synopsis :
L’histoire vraie de Florence Foster Jenkins, héritière new-yorkaise et célèbre mondaine, qui n’a jamais renoncé à son rêve de devenir une grande cantatrice d’opéra. Si elle était convaincue d’avoir une très belle voix, tout son entourage la trouvait aussi atroce que risible. Son “mari” et imprésario, St Clair Bayfield, comédien anglais aristocratique, tenait coûte que coûte à ce que sa Florence bien-aimée n’apprenne pas la vérité. Mais lorsque Florence décide de se produire en public à Carnegie Hall en 1944, St Clair comprend qu’il s’apprête à relever le plus grand défi de sa vie…
Film franco-britannique – sortie le 13 juillet 2016 – 1h 50min
Avec Meryl Streep, Hugh Grant, Simon Helberg, ….