C’est à la Fondation Henri Cartier Bresson que se poursuit la découverte de l’exposition itinérante, On being an angel, consacrée à la photographe américaine Francesca Woodman.
Avant d’arriver dans notre capitale, son œuvre a déjà été présentée à Stockholm puis à Amsterdam. La commissaire d’exposition, Anna Tellgren, est d’ailleurs conservatrice au Moderna Museet de Stockholm (Suède).
Francesca Woodman laisse une œuvre d’une étonnante maturité et généreuse. Son travail est ponctué d’expérimentation photographique et de réflexion sur le corps. Utilisant son propre corps comme outil puisqu’elle se trouve toujours à portée de main.
Son enfance et son adolescence se passent entre les Etats-Unis, dans le Colorado, et l’Italie où ses parents achètent une maison, près de Florence. Influencée de toutes parts, son travail reprend des codes symbolistes et surréalistes afin de réaliser un cocktail artistique sensible et intime.
Dès sa découverte de la photographie à 13 ans, elle réalise des autoportraits et portraits explorant constamment la question du soi. Soi comme miroir. L’autre comme miroir. Ces corps semblent fantomatiques, fragmentés se mêlant à des décors dépouillés. Plongés au cœur de son travail et de ces lieux délabrés on peut y percevoir son questionnement sur la place qu’elle occupe dans l’espace-temps. Les objets de sa grand-mère lui sont un rappel permanent de l’époque et du monde dans lequel elle évolue et crée.
Sa série On being an angel, débutée en 1977 lorsqu’elle s’installe à Rome pour y réaliser un an d’étude, est d’une certaine manière une union entre le réel et l’imaginaire. Les objets qu’elle utilise sont d’un monde matériel mais sa présence sur les photographies est dédoublée, parfois spectrale. Le corps se confond, s’insère dans le décor. S’établit alors une étrange beauté. Les modèles qu’elle fait participer à ses œuvres semblent également venus d’un autre univers. Ils portent des masques, sont nus et sont comme dématérialisés de leur essence première d’être humain pour ne rester qu’un corps outil.
Ses influences et techniques de travail sont variées. A New York, elle s’adonne à quelques photographies en couleur où elle empruntera des codes des photos de mode.
Également, avant de se donner la mort, elle publie un livre Some Disordered Interior Geometries, sorti en janvier 1981, inspiré de carnet de géométrie sur le théorème d’Euclide qu’elle achète à Rome pendant son année d’étude.
L’exposition à la Fondation Henri Cartier Bresson nous immerge dans cet univers si particulier en exposant ses œuvres aux formats différents qu’elle aimait exploiter et aux supports différents (photographies, vidéo, lectures). Sur les deux étages nous prenons conscience de la précocité artistique de l’artiste et de sa fragilité. Plus qu’une artiste, un ange.
Laetitia Delicourt, médiatrice culturelle
Exposition visible jusqu’au 31 juillet
Fondation Henri Cartier Bresson,
2, Impasse Lebouis, 75014 Paris
Du mardi au dimanche de 13h00 à 18h30, le samedi de 11h00 à 18h45.
Nocturne le mercredi jusqu’à 20h30. (fermé le lundi)