Personnage haut en couleur, Francis Guyot est né dans la Vienne en 1949. Il ne quittera pas sa région natale, qu’il chérit et qui lui a tant appris. Son père, menuisier ébéniste, lui apportera l’amour du bois, celui des formes et des volumes. C’est cette générosité que cet artiste transmet aujourd’hui à travers ses sculptures, générosité qu’il a prodigué de nombreuses années à travers un autre métier : la médecine. Après ses études à Poitiers, il devient médecin de campagne à Targé, et le restera durant 25 ans. A l’écouter, la médecine n’est d’ailleurs guère différente de l’art : Pour reprendre ses mots, un artiste accouche de son œuvre, et la relation intime avec son public lui tient à cœur.
Pour lui, créer est un besoin viscéral. C’est une véritable passion, qui le suit depuis l’âge de 14 ans ; âge auquel il réalise sa première sculpture. Sa première exposition a lieu en 1992.
En 1999, Francis Guyot décide donc d’abandonner la médecine, pour se consacrer entièrement à la sculpture. Depuis, il travaille le bois, le fer, le zinc, la résine, le polystyrène mais aussi la peinture. Il sera propriétaire de sa propre galerie à Poitiers, tout en continuant d’exposer dans sa région comme à Paris. Ses influences se retrouvent dans des artistes comme Miró, Bosch ou Magritte, mais aussi des philosophes comme Kant ou Valery.
Des particuliers aux entreprises, des associations aux collectivités territoriales, Francis Guyot reçoit des commandes du monde entier. On retrouve ses œuvres de Shenzhen (Chine) à Jérusalem, jusqu’aux Etats-Unis. En 2011, il est nommé chevalier de l’ordre des « Arts et des Lettres ».
Pour Francis Guyot, le travail d’artiste est un travail permanent. Où qu’il soit, il regarde tout, il est heureux de tout, c’est une éponge. Une éponge qui s’inspire de son environnement pour créer. Mais une éponge qui a besoin de l’intimité de son atelier. C’est son havre de paix, le lieu où il se sent bien, le lieu où il est avec lui-même. L’inspiration de Francis Guyot, c’est une alternation entre moment en société et travail en atelier.
Selon lui, l’œuvre d’art est une relation privilégiée avec son public, mais aussi un travail sur l’espace. L’une de ses premières expositions, intitulée Concept, Matière et Volume, montre son attachement à l’espace et au volume de ses œuvres. Dans cet esprit, il inaugure en 2013 une sculpture à la prison de la Pierre Levée de Poitiers. Cette sculpture qui constitue maintenant le mur de la prison, montre la limite entre le bien et le mal que nous pouvons tous franchir un jour.
« Le pire pour un artiste, c’est l’indifférence« . Quand on parle avec Francis Guyot, très vite nous connaissons son point de vue sur l’artiste contemporain. Si certains artistes sont aujourd’hui critiqués, c’est normal. Et même, il aime ça. Pour lui, un artiste doit faire réagir, il doit provoquer une émotion. Francis Guyot aime d’ailleurs citer Valéry : « Il dépend de celui qui passe, que je sois tombe ou trésor« . Ainsi, la plus grande insulte que l’on puisse faire à cet artiste, serait de considérer l’une de ses œuvres, comme un vulgaire objet.
Enfin, Francis Guyot considère que l’art a, de tout temps, eu prise avec la spiritualité. Élevé chez les jésuites, il a besoin de réaliser des sculptures liées au sacré. Nous retrouvons par exemple l’une de ses œuvres monumentales à Lourdes, mais aussi dans les églises. A ce titre, il a actuellement le projet de repeindre une église du 19ème siècle.
D’autres projets verront le jour en 2014, qui montre que Francis Guyot est un artiste de son temps. Nous pouvons faire référence à une création cinétique en collaboration avec le centre d’étude et de recherche de l’université de Poitiers ainsi qu’avec des chercheurs du CNRS.
Un artiste très actif, à suivre, avec une actualité riche, qui ne cessera de nous étonner et nous émerveiller. Voilà encore une personne qui marquera son temps.
Laurent Bellin
Organisateur d’événements culturels, commissaire d’expositions, rédacteur à Saisons de Culture.