Gao Bo, la bonne âme du Sichuan
Une fois n’est pas coutume. C’est sur les cimaises même de l’exposition que la Maison Européenne de la photographie consacre à Gao Bo que l’on peut lire les textes les plus pertinents qui soient sur l’artiste et sur son œuvre mais aussi les plus émouvants.
On ne saurait mieux dire. Ne les lisez pas en diagonale.
Ils sont un guide sûr pour vous accompagner au long de ce chemin noir où l’âme tourmentée de Gao Bo cherche, entre photo et peinture, les âmes perdues des Tibétains, l’âme en perdition d’un Tibet que rien ne sauvera de la réal-politique à la Chinoise et de ses brutalités.
L’âme de Gao Bo né au Sichuan cherche éperdument à saisir un Tibet invisible au promeneur, invisible au touriste, mais cependant lisible au regardeur attentif. Un Tibet, non pas comme au monastère de Sera coloré, joyeux et rigolard avec ses jeunes moines débatteurs, mais un Tibet sous chape de plomb, un Tibet qu’il exprime en noir et blanc. Un noir et blanc qu’envahit le noir. Un Tibet vu comme au travers d’un voile de suie, un voile d’oubli qui s’apprête à le recouvrir.
Gao Bo photographe mais pas que … loin de là.
Plasticien, performer, c’est en peintre qu’il revient sur ses tirages, qu’il les sublime pour dire son empathie pour ce pays, pour ce peuple, pour les hommes saisis par le tragique.
Il dénonce la volonté de les nier, en les effaçant à demi sous un balayage à la brosse chargée au noir et sous des coulures envahissantes, en les traversant de textes chinois et parfois français.
Il affirme aussi la prééminence de l’individu et l’impossibilité de l’annihiler totalement et durablement, en grattant pour faire ressurgir ses visages un temps disparus sous le noir.
Vous avez jusqu’au 9 avril 2017 pour découvrir cette expo, au 5/7 rue de Fourcy dans le 4ème (Métro Saint-Paul) – Ouvert du mercredi au dimanche de 11h à 20h
Vous avez jusqu’au 9 avril pour entrer, traverser le jardin et puis … après votre visite, le regard décillé, en retraversant le jardin, prêter plus d’attention aux deux installations qui devraient vous interpeller.
Pierre Vauconsant