Gauguin l’alchimiste
Cette exposition porte bien son nom : Gaughin est un véritable alchimiste ! aussi bien dans la variété de ses créations que dans ses recherches et expérimentations artistiques. Une quête perpétuelle bien illustrée au Grand Palais.
Avec plus de 230 œuvres de l’artiste (54 peintures, 29 céramiques, 35 sculptures et objets, 14 blocs de bois, 67 gravures et 34 dessins), Gauguin l’alchimiste est une plongée exceptionnelle dans le passionnant processus de création du grand artiste.
Première exposition du genre à étudier en profondeur la remarquable complémentarité des créations de l’artiste dans le domaine de la peinture, de la sculpture, des arts graphiques et décoratifs, elle met l’accent sur la modernité du processus créateur de Gauguin (1848-1903), sa capacité à repousser sans cesse les limites de chaque médium.
À partir d’une trame chronologique, et ponctuée d’un grand nombre de prêts exceptionnels (Les aïeux de Teha’amana, Chicago ; Eh quoi ! Tu es jalouse ?, Musée Pouchkine, etc.), l’exposition met en évidence l’imbrication et les apports mutuels entre schémas formels et conceptuels, mais également entre peinture et objets : dans ces derniers le poids de la tradition, moins pesante, permet davantage de libération et un certain lâcher-prise. Une sélection resserrée de sources regardées par Gauguin permet de comprendre pleinement son processus créatif (céramiques, œuvres impressionnistes, art extra-européen…).
Prélude au parcours de l’exposition, « La fabrique des images » est consacrée aux débuts de Gauguin, de sa représentation de la vie moderne dans le sillage de Degas et Pissarro, aux premières répétitions d’un motif, autour de la nature morte et des possibilités de mise en abyme qu’elle offre.
« Le grand atelier » se concentre ensuite sur la période bretonne de l’artiste. L’observation de la vie bretonne, intégrée, transformée et assimilée, lui permet de dégager des motifs récurrents qui connaissent de nombreux avatars (la ronde, la femme assise, la bretonne de dos…) et d’entamer des recherches formelles en dessin, peinture et céramique.
« Du sujet au symbole » montre comment Gauguin, mû par une ambition artistique croissante, s’oriente vers des compositions de plus en plus investies de significations morales, qui deviennent le réceptacle de ses états intérieurs. Leur accomplissement se trouve dans la mise en scène du « terrible moi » souffrant et sauvage. Les motifs n’échappent pas à cette mue : ainsi le baigneur devient Léda, la figure du désespoir inspiré par une momie du Trocadéro devient une allégorie de la Misère humaine, et la femme dans les vagues se mue en Ondine.
« L’imagier des Tropiques » met en évidence la résonance des traditions maories dans l’œuvre de Gauguin. S’il construit lors de son premier voyage à Tahiti une imagerie personnelle de la vie tahitienne, l’exposition souligne là encore la puissance de ses recherches formelles. Le thème récurrent d’une nature « habitée » traverse les œuvres réunies dans cette section, comme en témoignent les pastorales et le développement du thème de l’Homme dans la nature.
Respiration au sein du parcours, une salle est dédiée au manuscrit de Noa Noa, très rarement montré au public.
La section « Mythes et réinventions » met en évidence l’amplification de la dimension mystique de l’œuvre de Gauguin à Tahiti. Face aux traces matérielles restreintes laissées par les cultes tahitiens, Gauguin invente à partir de la tradition orale tahitienne un nouveau langage plastique. La figure de l’inquiétant Esprit des morts (Buffalo, Albright – Knox Art Gallery) venant tourmenter les tahitiennes revient sans cesse dans les œuvres de cette période.
L’ultime section « En son décor » est centrée sur l’obsession de Gauguin, pour les recherches décoratives dans sa dernière période, aussi bien dans les intérieurs que dans l’évocation d’une nature luxuriante (Rupe, Musée Pouchkine). Œuvre d’art totale, sa case à Hiva Oa (la Maison du Jouir) vient parachever sa quête d’un âge d’or primitif. L’évocation numérique sous forme d’hologramme de la Maison du Jouir, présentée pour la première fois dans une exposition avec les sculptures qui ornaient son entrée, clôture le parcours par une découverte de la dernière maison-atelier de Gauguin. L’occasion d’offrir au public une immersion inédite dans l’atelier de sa création
Côté boutique :
Au-delà des catalogues, revues, livres, magnets et autres produits dérivés et estampillés de l’exposition, la boutique propose des créations exclusives d’Hervé Di Rosa (en édition limitée) ainsi que le Thé Gauguin – une création exclusive du Palais des thés pour l’exposition.
Jusqu’au 22 janvier 2018
Grand Palais – Galeries nationales
Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris
entrée square Jean Perrin
dimanches, lundis et jeudis de 10h à 20h – mercredis, vendredis et samedis de 10h à 22h. Fermé tous les mardis.
Photos in situ : Véronique Grange-Spahis