Il semblerait que la mode soit aux arts graphiques pour cette saison. En effet, après les dessins du musée Pouchkine présentés à la Fondation Custodia, nous avons la chance de découvrir une exposition unique qui visite le cabinet des arts graphiques du musée Fabre de Montpellier. La relation entre les deux établissements, le musée Fabre et le musée Cognacq-Jay, acquière un sens encore plus profond à travers la personnalité de François-Xavier Fabre qui se rapproche étrangement de celle du collectionneur Cognacq-Jay. En effet, si le premier est surtout connu pour ses œuvres artistiques, c’est plutôt en tant que collectionneur des dessins de ses contemporains qu’il est mis à l’honneur par les deux commissaires scientifiques de l’exposition, Florence Hudowicz et Benjamin Couilleaux.
Avec l’exposition Génération en Révolution, c’est une sélection inédite, un rassemblement spectaculaire de quatre-vingt dessins de maîtres (Fabre, David, Fragonnard, Prud’hon, Gérard, Girodet…) que l’on a l’occasion de découvrir nous permettant ainsi de prendre davantage conscience de la richesse des musées français dont les archives regorgent d’œuvres méconnues et pourtant inimitables. L’exposition rend aussi son importance aux cabinets d’arts graphiques dont les œuvres ne sont que rarement présentées aux yeux du grand public.
La présentation se découpe en quatre parties correspondant à quatre salles de couleur différente. La première partie présente le dessin comme un support pour l’apprentissage de ces artistes au sein de la Révolution. En quelque sorte, on y prend le pouls d’une génération en révolution à travers cette pratique formatrice qu’est l’académie, la représentation figée du nu surtout masculin. La deuxième salle se présente davantage comme un éloge de l’individu avec des portraits intimistes. La salle suivante est consacrée au genre qui se situe au sommet de la hiérarchie académique à cette époque, à savoir, la peinture d’histoire. La dernière salle en concluant l’exposition sur des scènes de paysage, évoque la montée en puissance de ce genre avec la naissance du courant romantique qui trouve ses racines dans cette génération tourmentée, cette génération en révolution.
Cette exposition unique en son genre, a le mérite de brosser le puissant portrait d’une génération au cœur de changements artistiques autant que culturels et politiques : on y voit sourdre non seulement le bouleversement de la hiérarchie des genres et de son académisme mais aussi le passage du goût néoclassique à la mélancolie romantique. Une exposition à ne pas manquer !
Delphine Gindre
Jusqu’au 14 juillet 2019
Musée Cognacq-Jay
8 rue Elzevir
75003 Paris
Ouvert
du mardi au dimanche de 10h à
18h
Fermé
le lundi et certains jours fériés
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