Gérard Garouste – Zeugma. Diane et Actéon
Gérard Garouste, né en 1946 à Paris, fait partie de ces artistes aux multiples médiums : à la fois peintre, graveur et sculpteur, il ne met pas en cage sa créativité. Ses travaux sont également souvent documentés : il se réfère à la Bible, au Talmud ou à de nombreuses oeuvres littéraires. Le Musée de la Chasse et de la Nature a donc tout naturellement pensé à lui pour une commande autour du mythe de Diane et Actéon, dont parle Ovide dans ses Métamorphoses (Livre III, Ier siècle de notre ère). L’artiste, qui n’avait encore jamais traité le thème fût complètement stimulé par cette commande et réalisa de nombreux dessins, études préparatoires et finalement, de nombreuses toiles peintes entre 2013 et 2017.
Son oeuvre respecte le fond de l’histoire : Actéon, après une longue et enivrante partie de chasse surprend Diane, Déesse de la chasse, se rafraîchissant au bord d’un cours d’eau. La Déesse le condamne par une malédiction pour avoir posé son regard sur elle : il se transforme en cerf et fini dévoré par ses propres chiens. Dans ses toiles, Gérard Garouste n’hésite pas à revisiter le mythe et à y apporter sa touche de manière autobiographique : Actéon possède les traits de l’artiste, et Diane de sa femme, Elizabeth Garouste. En faisant ces liens avec lui-même, il crée un lien avec les hommes de manière générale : il montre un être pervers, lubrique, qui, pris de vice dans ce bois sacré finira par sodomiser ses chiens après avoir vu la Déesse nue (Opportunité – 2017). Le scénario inventé par l’artiste n’est pas terminé, puisque ce geste hideux est vengé dans une autre peinture (Actéon émasculé – 2017), où ses chiens l’émasculent durant sa transformation en cerf.
Gérard Garouste joue des formes et de la matière pour transmettre son idée, quand il nous montre la déesse à la peau blanche et lisse (Diane – 2017), qui, selon ses mots est « au-dessus du bien et du mal » , et le chasseur se transformant, avec une forte touche et de violents coups de pinceaux. Actéon est à l’image d’un tabou. Pour l’artiste – végétarien -, ce chasseur est à l’image des abattoirs, chose courante dont tout le monde s’offusque, mais dont personne ne parle. Dans le mythe, Ovide dénonce l’hybris de l’homme, car il s’est cru pouvoir posséder l’impossédable. Ici, Gérard Garouste retranscrit la même chose, car prendre ses chiens équivaut à une même transgression fatale, tout comme peut-être le fait même de chasser, car c’est bien une chose qu’il répugne particulièrement…
Gérard Garouste nous fait partager son oeuvre sur trois lieux d’exposition: le Musée de la Chasse et de la Nature avec « Zeugma. Diane et Actéon » (13 mars au 1er juillet), la galerie Templon avec l’exposition « Zeugma » (15 mars au 12 mai) et les Beaux-Arts de Paris avec « Zeugma. Le grand oeuvre drolatique, ses Indiennes, ses Ellipses » et « La Dive BacBuc » (15 mars au 15 avril). En choisissant le terme « Zeugma », signifiant « le lien » en grec, il attise notre curiosité : après avoir vu l’une des expositions, on court voir les deux autres pour se régaler des liens philosophiques et iconographiques qu’il crée lui même dans toute son oeuvre !
jusqu’au 1er juillet 2018
Musée de la Chasse et de la Nature
62 rue des Archives
75004 Paris
Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h – (mercredi jusqu’à 21h)
Pauline Joseph, étudiante en Master 1 Histoire de l’art, Université de Bourgogne