Histoires d’hommes
Est-ce une femme et une seule ? Sont-ce plusieurs femmes ? S’agit-il d’une actrice qui les incarnent toutes ? Se pourrait-il que ces histoires d’hommes racontées par des femmes puissent tout aussi bien être des histoires de femmes contées par des hommes ? Ou un homme qui aurait compris bien des choses de femmes, celles qu’il aura connues, aimées, croisées, observées, malmenées ? Il semble bien que ces questions n’aient pas de réponse unique, raison pour laquelle ce recueil de textes, plutôt de paroles, fascine et porte en lui une universalité qui ne se décrète pas. Car bien souvent, viser l’universalité de manière consciente et délibérée… sonne faux. Comme un exercice de style, une approche par trop académique ou scolaire.
Rien de tout cela dans les mots choisis, pesés, comptés, incisifs et justes de Xavier Durringer. On s’étonnerait presque qu’un représentant de la gente masculine s’approche d’aussi près d’une vérité dans cette galerie de portrait. Ils ne sont pas si nombreux, les messieurs qui s’intéressent vraiment à ce que vivent les femmes. Almodovar, Dolan, Provost au cinéma, Pierre Notte au théâtre… Durringer peut être fier d’inscrire son nom aux côtés d’une liste courte mais prestigieuse.
Mais de quoi nous parlent ces histoires d’hommes ? Dans une scénographie minimaliste -et empreinte d’une certaine étrangeté qui peut suggérer l’esthétique climatique et onirique d’un autre grand créateur se passionnant pour les femmes, David Lynch en l’occurrence- Mina Ségui et son duettiste à la guitare entament une danse, le corps et les variations de voix pour peindre celles qui rêvent toujours et encore de trouver l’amour. Oh bien sûr on se cogne au mur des déceptions, on tombe et on peine à se relever mais on tente de conserver, bon gré mal gré, son humanité. Que voulez-vous, l’espoir est tenace et que pourrait-il y avoir de plus important, de plus noble, de plus pur que cette quête de l’amour absolu ? Même s’il se dérobe. Même s’il déçoit. Même s’il fait mal. Une comédienne se trouve alors poussée au-delà de ses limites par une mise en scène faisant la part belle au texte, à cette parole donc, donnée à une poignée de femmes qui ne versent jamais dans un féminisme hargneux ni même revendicatif.
Caroline Rabaliatti a parfaitement saisi que l’auteur visait autre chose de plus subtil et au fond, dénué de genre. Sa direction d’actrice ne cherche rien d’autre que le souffle de la liberté, liberté donnée à ses personnages d’être effrayés, déçus, en colère, las, sensuels, drôles, dépités car c’est cela, une quête d’amour, et plein d’autres choses encore.
Vents d’Orage est parti à la rencontre de Mina et Caroline, histoire de s’assurer qu’elles ne lâchaient pas la rampe :
Le pitch : Des femmes bouleversantes par leur humanité, nous livrent leur histoire avec les hommes et nous embarquent dans un passionnant voyage émotionnel.
En quête d’amour et de plénitude, des femmes imaginées par un homme, dévoilent avec sensibilité leur cœur de femmes, leur intimité pleine de paradoxes et de dérision. Drôles ou révoltées, charmeuses ou fières, émouvantes, sensuelles, tendres, courageuses, elles sont magnifiquement vivantes.
Histoires d’hommes
Auteur : Xavier Durringer
Mise en scène : Caroline Rabaliatti
Avec : Mina Ségui
Tous les jeudis à 19 h, jusqu’au 31 mai 2018
La Folie Théâtre
6 rue de la Folie-Méricourt
75011 Paris
David Fargier – Vent d’Orages