Human Learning : entre art et science, replongez en enfance

Dans le cadre de la biennale d’art contemporain d’Ile de France, le Centre Culturel Canadien présente Human Learning, ce que les machines nous apprennent. Les commissaires d’exposition Dominique Moulon et Alain Thilbault inversent la tendance affirmant que nous instruisons les machines pour montrer tout ce qu’elles nous enseignent à leur tour. Ils invitent des artistes, Canadiens et Québécois pour la plupart, et quelques Français à exploiter la créativité des nouvelles technologies.

L’aventure ludique commence avec Liminal de Louis Philippe Rondeau. Il s’agit d’un arc de lumière posé au milieu de la pièce, doté d’une petite caméra qui capture votre image et la reproduit sur le mur d’en face grâce au mécanisme du slit-scan. L’expérience est pour le moins amusante : vous pénétrez dans le cercle et voilà votre portrait en noir blanc qui défile face à vous. Vous pouvez multiplier les passages de façon plus ou moins lente et créer une série déformée, qui ne s’effacera qu’après avoir parcouru tout le mur de la salle.

Dans la petite pièce à droite après avoir visionné le film Soul shift de Justine Emard et observé le petit tas de néons de Matthew Biederman, le jeu continue avec Prospérité, une petite machine dont son créateur Samuel de Saint Aubin dira qu’elle « réorganise les chaos tout en respectant la diversité ». En réalité l’objet est un trieur de riz qui prend chaque grain un à un pour le ranger en ligne tout en respectant son orientation d’origine. Sur la gauche le travail de David Rokeby ne paie pas de mine au premier abord : un châssis recouvert d’une toile grise. Ce n’est qu’en voyant des gens s’agiter devant et créer une polyphonie de sons que je réalise qu’elle dissimule en elle une série de capteurs. Minimal object n’est pas seulement une œuvre d’art abstrait mais une toile sonore, mêlant ainsi médium et genre artistique.

Vous l’aurez compris, l’art numérique a le vent en poupe. Nous pouvons néanmoins nous interroger sur la place prédominante qu’occupe la technique dans certaines œuvres, et sur le progrès scientifique comme fin en soi. En 1934 le philosophe John Dewey publiait son ouvrage Art as experience… L’expérience légitimerait donc toute appellation artistique ?

Violette Engrand,

Human Learning, ce que les machines nous apprennent

Du 5 février au 15 avril 2020

Centre Culturel Canadien, 130 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris

https://canada-culture.org/