I Apologize, la Belle et la Bête ne font plus qu’un
Je m’en veux, parfois. Dieu sait que ma boulimie pour l’art ne connait pas de limites. Toujours à l’affut de toute forme de création, Vents d’Orage était pourtant passé à côté d’un grand, d’un très grand même. Rarement j’aurais été impressionné par un concert à ce point. On devine chez moi une petite prétention à repérer ceux qui comptent, ceux qui font sens, ceux qui innovent. Mais en l’espèce, j’étais passé côté… mea culpa. Le mal est aujourd’hui réparé. Bien m’en a pris, la semaine dernière, de me précipiter chez Madame Arthur pour découvrir Jean Luc dans son personnage de cabaret, La Verna. Une première des multiples facettes d’un artiste protéiforme, capable de s’aventurer sur tous les terrains. Hier soir, dans le très berlinois Centre National de la Danse à Pantin, le public fut conquis, fasciné par une prestation post nucléaire dont mon cœur de midinette goth n’est pas prêt de se remettre.
Alors, me direz-vous, il ne pouvait en être autrement puisque le background musical de I Apologize plonge dans le glam rock et la cold wave, de Siouxie And The Banshees à T.Rex en passant par Iggy Pop ou David Bowie. Plus surprenant furent leurs incursions -version électro-rock- dans le funk ou le disco. Mais Verna et les siens ne régurgitent pas bêtement un répertoire dans une admiration béate dans des reprises en mode copier/coller. Chaque titre fait l’objet d’une trituration savante. Ils pressent et compressent les chansons pour s’abreuver de leur suc, les triturent, les malmènent, se délectent, sans avoir l’air d’y toucher, de les réinventer. La voix du chanteur, caverneuse et souple à la fois, leur donne une brillance noire à faire pâlir d’envie leurs créateurs originels.
Le physique impressionne. Les tatouages questionnent. La précision gestuelle rappelle que Verna est aussi un danseur et un body performer hors pair. Les expressions du visage soulignent le doute tout autant que la ferveur, un bouillonnement intérieur qui n’a d’égal que la force interprétative que dégage le combo. Nous faisons face, bouche bée, à une créature étrange. Elle vous séduit et vous amuse d’un trait d’esprit coupant comme le rasoir. Elle vous attire dans sa tanière pour se repaitre de vos émotions. Un stress palpable traduit le doute de la bête. Des strass toute voile dehors parent la belle des plus beaux atours. Car à bien y regarder, Jean Luc Verna, c’est la belle et la bête tout à la fois. J’étais passé à côté… I apologize.
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David Fargier – Vents d’Orage