Inauguration des œuvres de François Morellet et de César à l’Ecole du Louvre

Dans le prolongement du projet « École du Louvre 2021-2022 » qui a reconfiguré ses espaces et inauguré la présence de l’art contemporain au sein de l’établissement, l’École du Louvre accueille avec la nouvelle année, et grâce à une nouvelle donation du mécène Majid Boustany, deux œuvres exceptionnelles dans son grand hall Jaujard :

– une installation de François Morellet, π baroco n°2 bleu, 1=45° (angles du même côté), 7 éléments, (2001) composition de néons bleus

– une sculpture de César, La Marseillaise (1997)

Deux œuvres iconiques qui dialogueront désormais avec le lieu et son histoire, et accompagneront élèves, auditeurs, enseignants et chercheurs dans leurs parcours à l’École du Louvre. On comprend mieux alors l’actualité du constat du philosophe historien Krysztof Pomian : « La religion a été remplacée par des croyances d’un autre type qui ont trouvé leurs temples dans les musées. Ils permettent la création d’un lien social, une communion des membres de la société. »

Qui est qui ?

François Morellet (1926-2016) est un artiste autodidacte et prolifique, à la fois peintre, sculpteur et créateur d’installations, ayant  développé  une  approche  radicale  de  l’abstraction  géométrique  au  cours  d’une  carrière  parcourant plus de six décennies. Ses œuvres questionnent la perception visuelle du spectateur et défient le champ physique du tableau. Il a œuvré au démantèlement des hiérarchies traditionnelles en incorporant dans son travail l’acier, les tubes néon, le fer, le ruban adhésif, des grillages métalliques et le bois, laissant la part belle au hasard. À ce titre, le nombre π (Pi) et l’annuaire téléphonique comptent parmi les plus grandes sources d’inspiration de l’artiste, lui servant de prétexte pour développer des œuvres basées sur des séries de chiffres aléatoires et provoquant toutes sortes de possibilités dans leur continuité infinie. Au début des années 1960, Morellet est l’un des premiers artistes à explorer les possibilités de la lumière artificielle et du tube néon, un médium de prédilection qu’il continuera à expérimenter tout au long de sa carrière. Si les premiers néons développés dans le cadre des activités du Groupe de Recherche d’Art Visuel (GRAV) explorent des combinaisons de séquences lumineuses se déroulant dans le temps, Morellet abandonne progressivement les supports traditionnels pour fixer directement aux murs des tubes néons statiques, choisissant de les faire jouer avec l’espace et l’architecture environnante plutôt qu’avec le temps. 

César (1921-1998) est un sculpteur français formé à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. S’il remet en question les canons de la sculpture traditionnelle avec ses Compressions (1959), ses Empreintes humaines (1965) et ses Expansions (1967), il dialogue aussi avec l’histoire de l’art et n’abandonne jamais sa pratique plus classique de la sculpture en fer ou en bronze soudé. Dans les années 1970 et 1980, il entreprend une série de natures mortes, Hommage à Morandi, et réalise de nombreuses œuvres monumentales dont Le Centaure, Hommage à Picasso (1983-1985), une commande publique nationale destinée à être installée à Paris.

Pour sa toute dernière exposition « Portraits- Autoportraits », présentée à la Galerie Claude Bernard à Paris en 1998, il propose une polyphonie de têtes en bronze soudé. Ces têtes-collages ou têtes-assemblages sont les variantes d’un dénominateur commun qui est la matrice du visage de l’artiste. César avait déjà engagé ce tête-à-tête avec lui-même dès 1972, s’exposant avec humour au gré de ses états d’âme. Il se réfère naturellement à Picasso et à Francis Bacon qu’il aime et qu’il admire, des amis d’un autre temps partis avant lui. Il mélange leurs visages au sien, les déforme, les découpe, les oblitère et les monte sur des charnières dans un jeu de cache-cache avec lui-même. Et comme un ultime clin d’œil à Marseille, sa ville natale, il a créé La Marseillaise, hommage à François Rude, à la sculpture académique et romantique ainsi qu’à la France.

Christian Duteil

 Ecole du Louvre, Cour Carrée, Place du Carrousel, Porte Jaujard, 75001 Paris