Jean-Baptiste Perronneau au musée des Beaux-Arts d’Orléans
Ils ne sont pas très nombreux les artistes qui n’ont consacré leur art qu’à un seul genre, un seul registre. Pour autant Jean-Baptiste Perronneau peut-il être réduit à son seul art du portrait ?
La réponse est oui et … non.
Oui parce que l’exposition du Musée des Beaux-Arts d’Orléans ne présente que des portraits à l’exception de quelques études.
Non parce qu’à l’évidence, par delà sa maîtrise du portrait et du portrait ressemblant, par delà sa maîtrise du pastel, se devine une curiosité qui pour être bienveillante n’en est pas moins pénétrante et va bien au-delà de la peinture.
Alors … que rechercherait Jean-Baptiste Perronneau que son habileté discrète ne dit pas d’emblée ?
La notoriété ? Elle arrive très vite portée par le succès que rencontrent ses portraits, si vite qu’elle lui vaut l’acrimonie et les mauvaises manières de Quentin de la Tour qui ne supporte pas l’émergence de ce jeune talent dont il craint qu’il vienne marcher sur ses plates bandes.
L’argent ? Jean-Baptiste s’est fait une clientèle de notables et de marchands fortunés qui ne lésinent pas et lui constituent un réseau européen que l’artiste visite sans cesse abandonnant pour de longues périodes le microcosme parisien qui lui reprochera ses absences et contribuera à le pousser dans les oubliettes de l’histoire de l’art. Il faudra attendre la perspicacité des Goncourt pour le sortir de là.
Si ce n’est pas seulement l’argent et la notoriété qui mobilisent l’énergie de Jean-Baptiste que rechercherait-il d’autre ?
Contrairement à bien des portraitistes qui maintiennent une distance entre leur modèle et eux-mêmes, Jean-Baptiste, lui, cherche le contact. Entre lui et le portraituré pas de mur de verre mais un dialogue muet.
La touche libre, la manière que l’on pourrait croire désinvolte de ce grand dessinateur cherche bien autre chose que la ressemblance. Le pastel, le pinceau de l’artiste voient au-delà. Jean-Baptiste met en lumière – élucide – ce que cache la pose souvent avantageuse qu’a pris le modèle et qui est, comme chacun sait, là où se réfugie le vrai, là où s’est retranché l’essentiel.
Le pinceau de Jean-Baptiste Perronneau nous montre le sourire retenu, l’œil qui pétille de malice, la connivence avec l’artiste, la vanité qu’il y a à faire réaliser son portrait, la lucidité sous le fard.
Jean-Baptiste Perronneau dans chacun de ses portraits cherche l’essentiel.
Quatre-vingt-quinze œuvres dont cinquante trois pastels consacrés quasi exclusivement à explorer les visages. Tous ces visages qui nous dévisagent.
Il faut aller voir ça !
Pierre Vauconsant
Du 17 juin au 17 septembre 2017
Musée des Beaux-Arts d’Orléans
1 Rue Fernand Rabier,
45000 Orléans
Du mardi au samedi : 10h -18h / Vendredi jusqu’à 20h / Dimanche : 13h à 18h