« Jean Dubuffet, un barbare en Europe » met en avant la visite que l’artiste a effectuée en Suisse durant l’été 1945. Il débute son voyage au MEG, où il rencontre Eugène Pittard et Marguerite Lobsiger-Dellenbach. Ces derniers lui présentent le psychiatre genevois Charles Ladame, puis Walter Morgenthaler à Berne qui lui font découvrir des œuvres d’art différentes. Il tirera de ces rencontres son concept de « l’Art Brut ».
Le parcours donne à voir comment Dubuffet entremêle dans son œuvre ses activités artistiques avec les recherches qu’il a consacrées à « l’Art Brut ». On y voit toute la diversité de sa production ainsi que des objets provenant notamment de sa collection et d’autres issus de musées d’ethnographie ou d’hôpitaux psychiatriques qu’il a vus et appréciés au fil du temps.
L’exposition présente les différents aspects du travail de l’artiste qui s’irriguent à la manière de vases communicants. Elle invite à suivre les cheminements de sa pensée. Dépeindre le portrait de Dubuffet, barbare en Europe, c’est questionner les valeurs mêmes qui fondent la culture contemporaine occidentale. La scénographie s’organise en trois temps forts :
La première célèbre « l’homme du commun », dédiée à une présentation des peintures de l’artiste, familiarisant le public avec la diversité de sa production.
La seconde est plus immersive, convoquant l’idée d’une participation active du public sous la forme d’un dédale au sein d’un espace traité tel un paysage. S’y retrouvent présentés des objets sans hiérarchie, se basant sur un premier découpage de la liste d’œuvres qui respecte les affinités de sens ou de formes mais tout en travaillant l’idée de glissement, de mouvement, de l’environnement.
La dernière section consacrée à la critique de la culture occidentale s’articule notamment autour de l’Art Brut, avec comme point d’orgue du parcours la reproduction de l’œuvre Nunc Stans sous la forme d’une grande projection dynamique. Un travail inédit de reproduction de cette fresque monumentale a été réalisé pour cette exposition, offrant au public une opportunité supplémentaire d’immersion au sein de l’œuvre exceptionnelle de Dubuffet.
Repoussée plusieurs fois, l’exposition s’avère exceptionnelle par le choix des œuvres, la scénographie et le lieu loin d’être anodin ! près de 300 œuvres issues des plus grandes collections françaises et européennes sont présentées dont le Centre Pompidou / Musée national d’art moderne (Paris), la Collection de l’Art Brut (Lausanne), la Fondation Beyeler (Bâle), la Fondation Dubuffet (Paris), la Fondation Gandur pour l’Art, le Kunstmuseum Bern, le LAM (Villeneuve-d’Ascq), le Mucem (Marseille), le Musée Barbier-Müller (Genève), le Musée d’art moderne André Malraux (Le Havre), le Musée de Grenoble, le Musée des arts décoratifs (Paris), le Musée des Confluences (Lyon), le Musée d’histoire naturelle du Havre et le Musée Rolin (Autun).
Exposition vue en visio-conférence début octobre, même si remarquablement présentées par Baptiste Brun, commissaire de l’exposition, à Paris et le directeur du musée à Genève sur l’écran géant et confortablement installée dans un des salons de l’hôtel Meurice – il me tarde de pouvoir la découvrir en vrai à Genève !
Rien ne peut remplacer l’ambiance d’une exposition et la proximité des œuvres…
MEG (Musée d’ethnographie de Genève), Bd Carl-Vogt, 65 1205 Genève