Jean-Michel Basquiat,
un hommage au génie contestataire new-yorkais
A l’occasion des trente ans de la disparition de Jean-Michel Basquiat, la Fondation Louis Vuitton rend hommage à cet artiste majeur de l’histoire de l’art contemporain.
Accédant à la reconnaissance au début des années 1980, l’œuvre de Basquiat, empreinte de puissance, d’expressivité et de violence, engagée dans une construction intellectuelle complexe et torturée, créée autour d’elle une fascination concentrique, dépassant très rapidement les quartiers de « Big Apple » et des États-Unis, afin de s’imposer Outre-Atlantique et de conquérir l’Europe puis le monde entier.
C’est à partir de 1978, année au cours de laquelle il quitte le lycée, qu’il commence sa carrière artistique par des graffitis poétiques dessinés sur les murs du Lower East Side new-yorkais, sous la signature de SAMO. La rue devient ainsi son premier atelier d’expression artistique.
Écorché vif, la radicalité et la nature destructrice du jeune Jean-Michel Basquiat, trouveront écho dans l’environnement urbain, pour dénoncer les injustices de son temps, parmi lesquelles la discrimination raciale, qu’il intègre à son œuvre, dans la lignée historique d’un esclavagisme inhumain et barbare. La quête de la liberté constitue chez l’artiste une constante aussi assidue que la mort, qui le fascine et le torture, comme un poison baudelairien.
Artiste protéiforme, en recherche constante, Jean-Michel Basquiat explore tous les arts plastiques : la peinture, le collage, le dessin, la sculpture… autant de supports éclectiques au service d’une rage dénonciatrice des maux qui touchaient déjà l’Amérique des années 1980, tels le racisme, la violence sociale et la société de consommation, qu’il dénonça en partenariat avec Andy Warhol, dans des œuvres communes.
En quête perpétuelle d’absolu et de beauté, face à l’horreur du monde contemporain dans lequel il était jeté, Basquiat se ressourçait dans des univers intellectuels aussi variés que la musique : entre le jazz et le hip hop, en passant par Beethoven ; la littérature : des classiques européens à la bande dessinée ; ou encore la spiritualité, dans laquelle il s’inspirait autant de la figure christique et de la Bible, que des croyances vaudous.
Hanté par la mort, celle-ci devait le rattraper tout d’abord, le 22 février 1987, par la disparition de son ami Andy Warhol. Cette épreuve l’affecta considérablement, d’autant qu’une brouille les avait éloigné pendant plusieurs mois. Puis, le 12 août 1988, c’était au tour de Jean-Michel Basquiat, lui-même de quitter ce monde pour s’envoler, tel le Petit Prince, comme le qualifie Jean-Charles de Castelbajac, vers des horizons plus poétiques et plus adoucis. Il avait 28 ans…
Cette exposition exceptionnelle, qui réunit plus de cent vingt œuvres du jeune Basquiat, en phase de passer au rang de maître, dans la lignée de Picasso, l’un de ses modèles, pour la raison-même qu’ils étaient tous deux des précurseurs, est incontestablement un des grands rendez-vous culturels parisiens de cette fin d’année. N’y allez pas… Courez-y !
Jusqu’au 14 janvier 2018
Fondation Louis Vuitton
8, avenue du Mahatma Gandhi
75116 Paris
de 11 h à 20 h lundi, mercredi et jeudi ; vendredi jusqu’à 21 h, samedi et au dimanche de 9 h à 21 h (fermé le mardi)
Texte : Nicolas Callegari
Photos in situ : Véronique Grange-Spahis