Joséphine B.

Il est de ces aventures qui, lorsqu’on s’y engage, peuvent vous emporter bien plus loin qu’on ne saurait l’espérer. Dans le cas d’espèce, ce sera d’abord le cas pour le public. Et ce sera sans doute le cas pour son auteur et metteur en scène, Xavier Durringer. Une gageure que de monter une comédie musicale, une vraie, sur un plateau réduit, en s’appuyant sur la seule présence de deux comédiens, aussi talentueux fussent-ils. Le pari est gagné, et haut la main. Visuellement tout d’abord, grâce à une scénographie épurée où pourtant l’essentiel, par le symbole, saute au visage. Les projections vidéo, la puissance d’expression de Thomas Armand et Clarisse Caplan feront le reste.

Embrasser l’histoire d’une telle icône en un peu plus d’une heure de temps, reste loin d’être aisé. Issue d’un milieu très défavorisé, on découvre au travers d’une narration non linéaire, comment Joséphine Baker se hissa au firmament du musical pendant l’entre-deux guerres. Nul n’est prophète en son pays et elle ne parviendra pas à s’imposer aux Etats-Unis comme elle le fit sur le reste de la planète. A Paris, tout particulièrement, à cette époque capitale mondiale de l’art et d’une certaine modernité de la pensée. Car toute la problématique, soulignée avec l’inventivité et la puissante d’écriture que l’on connait à Duringer, tenait à accepter le scandale. Pas tant celui de se produire nue sur scène que de se faire accepter, comme femme d’abord et comme femme ni blanche, ni noire, ni rouge, comme elle le disait avec humour et grimaces désopilantes.

Le spectacle est une réussite totale, enchaînant les tableaux d’une vie mouvementée, entre le sordide des premières années, le succès fracassant, les doutes et la peine d’être réduite par la majorité de ses concitoyens à une négresse à qui l’on refusait l’entrée des palaces new-yorkais. Des heures et des heures de travail acharné ont été nécessaires à ces deux jeunes acteurs qui connaissent ici leur premier projet professionnel. On les croirait tout-droit sortis de la meilleure des écoles de comédie musicale. Armand, un Emmanuel Moire qui aurait gobé Marianne James. Caplan, troublante de ressemblance, incarnant avec une espièglerie et une joie communicative, une Joséphine Baker criante de vérité. Cela méritait bien de s’assoir quelques instants aux côtés de cette formidable équipée pour revenir à la genèse de ce qui pourrait bien devenir le succès d’une rentrée théâtrale un rien frileuse. Vents d’Orage vous invite à La Scène Parisienne, avant que le fracas d’un big band ne viennent peut-être emporter les aventuriers vers des scènes bien plus vastes, ici et ailleurs :

Le pitch : Le mythe de Joséphine Baker revient 100 ans après au Théâtre de la Scène Parisienne pour nous raconter son extraordinaire destin et les combats de sa vie contre toutes les formes d’intolérances et de discriminations. Sujet qui est toujours brûlant d’actualité.

Retournons dans les années 20 sous les rythmes endiablés du Charleston et du Lindy Up, dans un spectacle pétillant admirablement incarné, dansé et chanté par deux comédiens uniques en leur genre.

David Fargier – Vents d’Orage

Joséphine B

Auteur : Xavier Durringer ; Mise en scène : Xavier Duringer ; Avec : Clarisse Caplan et Thomas Armand

Jusqu’au 3 janvier 2021, du jeudi au dimanche

La Scène Parisienne, 34 rue Richer, 75009 Paris

Réservations