Kupka, pionnier de l’abstraction
Le Grand Palais rend hommage à František (François) Kupka avec plus de 300 oeuvres ! L’artiste, d’origine tchèque, naît en 1871 à Opočno (Bohême orientale) et décède en 1957 à l’âge de 85 ans à Puteaux, en France.
Kupka était plus qu’un artiste : c’était un « original ». En avance sur son temps, cultivé et touche à tout, il était dessinateur, illustrateur de textes anciens (il connaissait les langues anciennes pour calligraphier lui-même!), réalisait des peintures de salon ainsi que des travaux caricaturaux pour la presse. C’était un libre-penseur, ayant ses propres convictions et refusant de s’attacher à un mouvement. En plus d’être engagé à la fois contre l’argent, les religions, ou autour d’un prolétariat écrasé, Kupka avait des convictions spirituelles empreintes de la philosophie bouddhiste. Cette particularité soutient la qualité de son personnage hors-normes, sachant également qu’il était végétarien et naturiste : deux éléments très en avance sur son temps et pas vraiment acceptés…
L’exposition au Grand Palais vous fera découvrir les différentes étapes de son travail à travers un parcours en boucle parfaitement conçu, fluide et chronologique. Kupka s’installe à Paris en 1896 et pour gagner sa vie, il travaille pour différents journaux satiriques comme Cocorico, La Plume, Le Cri de Paris, Le Rire, Der Tag (Berlin) ; vous pourrez vous délecter dès les premières salles de ses caricatures particulièrement mises en valeur, qui font aujourd’hui écho à celles de Charlie Hebdo. Vous allez découvrir pourquoi Kupka était considéré comme le « Pionnier de l’abstraction » en voyageant à travers son oeuvre mystique et sa philosophie bouddhiste, en communion avec la nature.
La modernité touche également Kupka, qui joue à la fois des formes et des couleurs pour répondre à la concurrence de la photographie et surtout du cinéma. Le mouvement devient une part importante de son oeuvre, comme en témoignent ses recherches sur le microcosme et le macrocosme dans l’univers. Sans vouloir vous « spoiler » sur tout ce que vous réserve l’exposition, je peux au moins vous citer « Touche de Piano » (1909), une oeuvre qui mélange élégamment les formes du mouvement, la couleur et le son en référence à Debussy, ou encore « La forme du jaune. Notre Dame » (1911) où l’artiste se penche sur la propagation de la lumière à travers les vitraux… mais ces deux petits exemples ne sont que des amuse-bouches pour votre friand palais ! L’exposition vous présente des oeuvres venant de collections particulières ainsi que des musées de Prague, d’Ostrava (République Tchèque), de Bochum (Allemagne), de New York (Etats-Unis), et de Paris.
On se retrouve dans un univers qui nous fait remonter le temps, on se laisse guider et on se confronte aux convictions d’un artiste : à la fois pacifiste et qui pourtant s’engage à travers son œuvre en se montrant véritable défenseur de l’idée de liberté.
Et en plus, c’est une exposition accessible pour tous (sur inscriptions) :
• Visite guidée en langue des signes
• Parcours avec un souffleur mardi 29 mai à 14h15 ! En partenariat avec les Souffleurs d’images, des bénévoles décrivent des éléments invisibles aux personnes déficientes visuelles.
• Visite guidée audio-décrites le mardi 19 juin à 14h15, avec un conférencier pour les personnes malvoyantes : présentation d’une sélection d’oeuvres transposées sur des planches en relief.
• Visites guidées avec ateliers pour les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer, en partenariat avec l’association ARTZ, permettant de maintenir la sociabilité et de promouvoir l’estime de soi.
• Visites guidées pour personnes à mobilité réduite
Jusqu’au 30 juillet 2018
Grand Palais galeries nationales
3, avenue du Général Eisenhower
75008 Paris
du mercredi au lundi de 10h à 20h – mercredi jusqu’à 22h
Nocturne : Nuit européenne des musées le samedi 19 mai 2018 de 20h à 1h. Entrée libre.
Pauline Joseph, étudiante en M1 Histoire de l’art – Université de Bourgogne