La contrainte, une source d’inspiration

Le jeudi 07 mai marquera l’ouverture d’une exposition immersive produite par Automatus, vous invitant à plonger dans un univers où la contrainte se mue en inspiration, et l’enfermement en moteur de création.

« La vitesse emporte lhomme à travers toutes ses actions et ses distractionsTout, autour de lui, et en lui, saute, danse, galope, est en mouvement, en mouvement inverse de son propre mouvement. Sensation douloureuse, parfois, mais forte, fantastique et grisante, comme le vertige et comme la fièvre. »  (Octave Mirbeau, Œuvre romanesque, 2001)

La survenue d’un choc, d’une magnitude telle qu’il parvient à enrayer l’inlassable marche du monde, était difficilement concevable il y a quelques mois. L’heure est pourtant à l’immobilité. Jamais nous n’avons connu pareille entrave à notre liberté de mouvement. Dans une société de performance et de vitesse, l’impossibilité de se mouvoir, et la stagnation qu’elle entraîne, sont vécues comme de douloureuses contraintes. Pourtant, nous oublions que nous avons à disposition une ressource qui auparavant manquait : le temps. Le confinement nous force à nous soustraire pour quelques semaines au rythme effréné du monde.   

Dans l’espace, le mouvement se manifeste par le geste, le déplacement du corps. Dans la société, il est agitation, effervescence, évolution même. C’est tout cela dont nous sommes privés, et nos corps comme nos esprits réagissent avec violence à cet empêchement. Seul subsiste l’art, où le mouvement devient création. Créer, c’est faire être. Toute création, en ce qu’elle est une forme d’exaltation de la vie, est un nouveau souffle.

Mais surtout, l’art permet de se réapproprier les contraintes liées à notre situation objective en les intériorisant, et de toucher du doigt une forme de liberté. Dans la création l’homme n’a de frontières que celles qu’il se pose à lui-même. En cela, la contrainte se révèle un puissant catalyseur dans le processus de création artistique.

L’isolement bouleverse tant notre mode de vie que notre rapport au monde et nous oblige à partir en quête de nouveaux moyens d’expression… La situation actuelle est un terrain fertile d’expérimentation.

Si l’instinct de survie est la condition d’existence de l’homme, la capacité à se réinventer est celle de l’artiste. Automatus a souhaité rassembler en un lieu virtuel le travail de quatre artistes dans la perspective d’un questionnement sur notre rapport au confinement, sous l’angle de la création artistique. Le parcours de l’exposition est construit autour de deux axes de recherche : la contrainte représentée et la contrainte vécue.            

Michel Kirch et JeanPhilippe Pernot explorent la contrainte physique dans des œuvres qui perturbent notre perception du temps et de l’espace. En cela, ils matérialisent le bouleversement que provoque en nous le confinement.

Les œuvres de Sylvère Jarrosson et Jérôme Delépine consacrent la puissance du dépassement de soi face à une contrainte physiologique. Lorsque l’artiste a quelque chose à dire, cette exigence venue du dedans ne s’éteint par l’impossibilité de l’exprimer dans une forme unique : il se réinvente sans cesse et créé de nouveaux modes d’expression au service de l’idée.  

La pandémie est une épreuve pour nos systèmes sanitaire, économique et politique, et pour notre modèle, mais elle est aussi l’occasion de nous mettre à l’épreuve, à l’échelle individuelle. La sidération peut être à l’origine d’un sursaut de nos sociétés, et la frustration transformée en ressource pour penser l’après.  Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik insiste sur l’importance de trouver “un point daccroche sur lequel il sera possible de sappuyer pour reprendre vie” après le choc traumatique du coronavirus. A nous de faire de l’art notre pilier de résilience, car de tous temps la culture est ce qui a permis à la société de faire corps.  

Rendez-vous le 07 mai à 15h sur la page Facebook d’Automatus : https://www.facebook.com/automatusasso/   pour l’ouverture de l’exposition, et à 18h pour un vernissage haut en couleur sur Zoom en présence des artistes.

Louise Tempéreau


La contrainte, une source d’inpiration

Commissariat : Olivia Bellin-Zeboulon, historienne de l’art, assistée de Louise Tempéreau  

www.automatus.fr/contrainte-source-inspiration