La madone révoltée
La première fois que nous avons vu La Pietà en concert c’était en 2017 lors du festival off du Printemps de Bourges, puis finaliste des Inouïs en 2018. Déjà, elle affichait un charisme qui séduisait. Au fil du temps nous la voyons s’affirmer, gagner en puissance et attendons impatiemment qu’elle soit plus largement connue du public. Pourtant elle enchaîne les concerts, fait la première partie des Fatals Picard au Zénith, le festival de Cahors, celui de Vailly sur Sauldre… et jouera prochainement au Canada. Après 3 EP (format plus court qu’un album), elle sort son premier CD et comme l’on pouvait s’y attendre, il est excellent.
Telle une madone ibérique, la Piéta crie sa douleur, sa révolte, l’absurdité de ce monde : « Je n’suis pas vraiment blanche, pas vraiment noire, je n’suis pas riche, pas si pauvre, je n’suis pas religieuse, ni athée. Je suis de la pire race, de la pire génération, de ceux qui n’croient en rien, qui ne viennent de nulle part et qui ne vont nulle part. Je suis la fille de personne mais je ne suis pas abandonnée. Je suis juste la moyenne, à peine, à peine ».
Musicalement, elle continue de la jouer rebelle, inclassable. Certains l’affublent de slameuse punk, d’autres de punk-rappeuse. Personnellement nous préférons dire que c’est une chanteuse française à texte qui met à chaque fois ses tripes sur la scène. Si nous devions la rapprocher d’un artiste, ce serait Léo Ferré ou encore Virginie Despentes pour la force de ses textes révoltés, dépeignant les travers d’une société individualiste et de plus en plus inhumaine. Nul besoin de catégoriser La Pietà pour admirer son énergie, son authenticité, sa plume virulente entrelacée de rage de vivre et d’un tædium vitæ.
Dans son dernier EP, avec des textes toujours aussi corrosifs La Pietà revendique d’être la femme qu’elle veut, de penser comme elle le souhaite : « Je préfère le gout de la peau de l’homme que j’ai tatoué sur ma chair, que celui d’la liberté… Mais moi je veux avoir le droit d’écrire ce genre de conneries. Je veux avoir le droit de mettre une mini-jupe sans me faire traiter de salope, ou sans qu’un tocard mette sa main dessous… Je veux pas qu’on me dise que j’ joue mal de la guitare parce que je suis une meuf, alors que c’est juste parce que j’ai pas bossé. ».
Raccord avec le personnage, la Pietà a donné des concerts en prison, en collège sur les violences faites aux femmes et animé des ateliers d’écriture.
La Pietà à découvrir expressément.
Barbara Ates Villaudy
Clip du CD La Moyenne de La Pietà
Prochaines dates
22 novembre 2019 – Maubec, France