La Piscine

4 expos !

Picasso, Giacometti, Di Rosa, et … non la moindre, les tableaux fantômes de Bailleul.

Commençons par les tableaux fantômes de Bailleul.

Une idée folle à mi-chemin entre littérature et peinture.

Une collection de peintures disparue en 1918 qui survivra par l’écrit qui, à son tour, suggère, suscite, donne naissance à d’autres peintures réalisées à partir de ces textes salvateurs autant que géniteurs. Vertige !

Reprenons.

1918 bombardement de Bailleul. 2013 Luc Hossepied directeur de la plus petite galerie du monde (ou presque)  découvre 31 cadres vides de peinture mais dans lesquels ont étés conservés des descriptions d’inventaire rédigées en 1879. Dans le cadre des commémorations de 2018, la Piscine expose 91 œuvres contemporaines exécutées à partir de ces textes.

Comme dans le jeu dit de « l’ambassadeur » où un premier conteur lance un récit qui sera ensuite repris par un second qui s’en éloignera puis un troisième qui en perdra le fil et ainsi de suite, on voit les artistes qui ont accepté la règle du jeu perdre, eux aussi, le tableau d’origine,  … qu’ils n’avaient jamais vu … ce qui, du même coup, leur garantissait une totale liberté.

On perd pied. Pour qu’ils puissent mieux comprendre et apprécier  ce qu’ils regardent, on ne saurait trop conseiller aux visiteurs de venir équipés d’un portable capable de lire les codes barre pour accéder aux textes à l’origine de cette très belle aventure artistique. Boucler la boucle !

Picasso. L’homme au mouton

Une grande sculpture presque classique en rupture avec les recherches ou plutôt les trouvailles cubistes ou abstraites des années qui précèdent.

Autour de l’œuvre elle-même, conçue comme un monument destiné à l’espace publique, la Piscine donne à voir un vaste ensemble de très beaux dessins, de recherches en volume et de petits et moyens formats en métal plié destinés à l’agrandissement ainsi que plusieurs peintures qui entrent en résonnance avec des œuvres de Rodin ou de Matisse.

L’artiste tourne autour de son sujet, s’en éloigne, se rapproche.

Giacometti. Rol-Tanguy

La Piscine rassemble sculptures en plâtre, dessins et photographies ayant peu ou prou participé à la réalisation du buste de Rol-Tanguy. C’est à l’initiative de Louis Aragon que Giacometti, lié à la mouvance surréaliste et à l’association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires, entreprend ce travail militant. L’approche de l’esthétique propre à Giacometti est complétée par la présence d’un buste de Marie-Laure de Noailles et de celui de Simone de Beauvoir.

Di Rosa. L’œuvre au monde.

Le Sétois le plus célèbre avec Valéry et Brassens voyage et nous fait voyager  dans son monde à la fois géographique et domestique aussi inquiétant que jubilatoire, aussi familier que déroutant.

De Sofia à Kumasi, de La Havane à Séville, de Tel-Aviv à Miami, de Durban à Mexico, à Paris à Addis-Abeba ou Lisbonne, compulsif, il collectionne, il emmagasine, il met en mémoire, il n’oublie rien. Il fait flèche de tout bois, de toute pierre, de tout bronze, de l’or et de l’argent. Entre ses doigts tout devient création ; la terre, les coquillages, les cauris, la céramique, les peaux tannées ou les perles.

Métisseur de génie, Di Rosa fait se rencontrer le Grand Art avec un grand A et l’art populaire, l’art Brut et ce qu’il appelle L’Art Modeste.

Ses créations, souvent composites font appel aux matériaux les plus nobles comme les plus frustres.

La Piscine présente pour la première fois au public une ample sélection des créations de l’artiste réalisées lors de la 19ème étape du tour de son monde artistique.

Un parcours dans l’univers onirique de Di Rosa est toujours un enchantement dont on ne s’extrait qu’à regret et sourire aux lèvres.

Vous avez jusqu’au 20 janvier 2019

pour profiter de ces 4 expositions

à la Piscine de Roubaix

lieu qui, en soi, mérite votre visite.

Pierre Vauconsant