Et si l’Art devenait numérique ?
Peut-être que certains trouveront l’idée originale ? Fascinante ? Ancrée dans “l’air du temps” ? Mais peut-être que d’autres encore auront un sentiment de dépassement. Beaucoup se demanderont : “Comment remplacer le support de la toile ?”
Ils affirmeront aussi que l’ordinateur ne peut pas produire un travail authentique parce qu’il ne requiert pas cette caractéristique profondément humaine qu’on saurait observer chez l’artiste-peintre. Enfin, le “coup de souris” peut-il être aussi légitime qu’un “coup de pinceau” ?
Rodolphe Barsikian en tient le pari. Artiste et graphiste avec plus de vingt ans d’expérience, celui-ci nous invite à rencontrer sa Vie Digitale, une vie parallèle dans laquelle son imaginaire est en ébullition et se donne à des créations relevant de l’insolite.
“Chaque toile, comme un oxymore, produit ici sa propre musique : petite musique électrique de l’excitation, vagues musicales qui disent la paix, stridences qui agressent l’œil devenu tympan. Le tout résonne d’une vie à la fois réglée et sans cesse soumise à des forces de désintégration” dit l’historien de l’art et écrivain Paul Ardenne à propos de l’artiste.
Celui qui envisage son processus créatif comme une expérience à part entière, un oxymore aussi bien qu’une “petite musique électrique”, propose des œuvres complètement hybrides travaillées à partir d’un simple élément figuratif, celui de la “ligne”. Ses dessins sont vectoriels ; appliqués sur le logiciel Adobe Illustrator, Rodolphe Barsikian entame l’ambivalent jeu de “l’ordre et désordre, construction et déconstruction, tracé et errance mais aussi accomplissement et figuration de l’être”. Paul Ardenne
Cette “figuration de l’être” est d’autant plus importante que l’artiste cherche à obtenir un dessin qui représente parfaitement le “moi” dans toute sa complexité et sa richesse. Les battements de cœur, les sensations et les vibrations propres à l’humain sont supplantées par un travail pur de l’image, des traits fins, des jeux dans la profondeur, la densité et le dégradé. Chaque composition est unique à l’image de toutes ces lignes, nœuds et courbes qui couvrent le monde qui nous entoure. Celles-ci sont le reflet d’un bouillon de vie passée, celle de Rodolphe Barsikian, ce rêveur du train Paris-Sarcelles.
Ces performances étonnent. D’une part, les dimensions de certaines œuvres comme Intervalles (2020) composée de quatres panneaux complémentaires, fournissent un spectacle s’étalant sur près de 6 mètres de longueur. De plus, l’artiste fait régulièrement appel à des professionnels de tout horizon. Ébénistes, serruriers ou encore mécanistes sont mobilisés pour leurs savoir-faire unique, ainsi, l’artiste développe un sens caché, celui du partage. À la manière d’anciens retables, Illusions (2020) en est une composition témoin. Les matériaux utilisés pour l’impression sont tout aussi particuliers ; relevant de la prouesse technique, Rodolphe Barsikian utilise la résine comme support à sculptures à partir de “modules” tridimensionnels créés sur ordinateur (Éclat– 2020), mais ce n’est pas tout ; certaines installations se sont autorisées à disposer d’une couverture de Plexiglas, de quoi ravir les pupilles d’un spectateur demandeur.
Irina Bengouirah
Du 18 au 30 avril 2021
Vahan studio – 7 rue Froissart, 75003 Paris.
Suite aux annonces gouvernementales, L’artiste Rodolphe Barsikian accueille uniquement sur rendez-vous, tous les jours pendant la période du confinement (dès 9h), dans le respect du protocole sanitaire.
On peut réserver son créneau sur Doodle : Doodle | Vie Digitale