L’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent
C’est à la Chine, l’Inde, le Japon, autant de pays fascinants par leur culture et leur histoire, et qui ont considérablement inspiré le « petit prince de la mode », que le Musée Yves Saint Laurent Paris, consacre sa première exposition temporaire.
Ce parcours scénographique, réparti autour de cinq thèmes, que sont La Chine impériale, la Chine florale, l’Inde, Opium et le Japon, propose au public de découvrir des modèles exceptionnels de haute couture, dialoguant avec des objets d’art asiatique, qui ont inspirés le maître dans ses créations.
Bien avant d’avoir visiter l’Asie, Yves Saint Laurent l’a rêvée, à la suite de la découverte qu’il en fît par les livres d’art, le cinéma et les objets, qu’avec son compagnon, Pierre Bergé, il collectionne avec une passion ardente.
Cette exposition illustre remarquablement la genèse des intérêts intellectuel et esthétique que lui procure ses rêves asiatiques. Le visiteur replonge de fait dans le raffinement et la subtilité de l’art de se vêtir dans les hautes sphères sociales chinoises du XVIIIe siècle, où les motifs floraux et la couleur occupent une place prépondérante.
Il en va de même concernant l’inspiration indienne d’Yves Saint Laurent, puisque c’est dès 1962, dans sa première collection printemps-été, que ses créations s’inspirent des garde-robes des épouses de maharajas, mais aussi des célèbres saris, qui donnent naissance à de sublimes robes drapées, qui ne manquent pas d’éblouir notre regard.
La vue n’est pas le seul sens auquel cette exposition fait appel. En effet, l’odorat y est aussi sollicité par les effluves d’Opium, nom qu’Yves Saint Laurent donna à son parfum le plus célèbre, créé en octobre 1977, quelques jours après le défilé de la collection chinoise. Bien que faisant référence à l’évasion et aux voyages psychiques, Opium est avant tout un hommage à ces senteurs d’Asie, qui ne sont pas sans rappeler les Paradis artificiels que nous a décrit Charles Baudelaire avec tant de talent, d’audace et de profondeur, trois adjectifs qui siéent si bien à Monsieur Saint Laurent.
Autre patrie d’inspiration artistique : le Japon. En 1994, le maître revisite dans ses collections de haute-couture le kimono, ambassadeur, s’il en est de la culture vestimentaire nippone. Référence à sa visite au pays du Soleil-Levant, en 1963, le couturier réinterprète ce vêtement traditionnel en le sublimant par sa créativité hors norme.
Ainsi, plus d’un an après la disparition de Pierre Bergé et dix ans après celle d’Yves Saint Laurent, le musée parisien qui porte son nom, perpétue la mémoire et le génie artistique de ce poète de la mode au mille facettes. Cet Asie rêvée par le couturier, nous est ici présenté avec élégance, sobriété et magnificence. Plus sain qu’une pipe d’opium, cette exposition nous guide dans un séjour esthétique, où seule la beauté compte.
Nicolas Callegari
Jusqu’au 27 janvier 2018
Musée Yves Saint Laurent Paris
5, avenue Marceau,
75016 Paris
Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h