Chaque année, depuis 2015, France Culture invite tous les étudiants français aimant le cinéma et la critique à candidater pour faire partie du jury du Prix France Culture Cinéma des étudiants. Une critique écrite, audio ou visuelle est acceptée. La contrainte ? Ne pas dépasser 1000 signes à l’écrit ni 1 minute en podcast ou en vidéo ! Un challenge qui forme les candidats à être concis, précis et originaux ! Une fois les candidatures envoyées, les étudiants reçoivent un mail s’ils ont été choisis pour faire partie du juré. Une belle surprise qui les embarque au sein d’une nouvelle (ou pas) expérience très enrichissante…
Dès lors qu’ils endossent le rôle d’évaluateurs, ils ont 1 mois pour visionner les 7 longs-métrages et voter pour les deux films qu’ils auront préférés, tout ça, de chez eux !
Le jury récompense alors deux réalisateurs indépendants et engagés.
Le cinéma étant la première activité culturelle des étudiants, France Culture a eu l’excellente idée de donner du poids à leurs critiques et en ces temps de pandémie où la culture était difficile d’accès, cette expérience fut en premier lieu un privilège…
En effet, dans une période où ils traversaient des difficultés de toute sorte pas toujours prise en compte, ces étudiants se sont sentis d’une grande utilité et ont pu participer à un évènement culturel.
Quant aux cinéastes des films sélectionnés, le Prix France Culture Cinéma des étudiants leur donne visibilité et prestige.
2021 marque la 7ème année de ce prix qui convoque 7 films.
Cinq d’entre eux font partie d’une sélection de France Culture parmi les films partenaires de la chaine entre avril 2020 et mars 2021 et deux de ces sept longs-métrages sont le coup de cœur de l’Association du Cinéma Indépendant pour sa diffusion (ACID) et de France Culture. Ce sont, avant toutes choses, une équipe complémentaire de différents horizons qui préselectionne ces 7. On y trouve : Sandrine Treiner, directrice de France Culture, Olivia Gesbert, productrice de La Grande Table, Antoine Guillot, producteur de Plan Large, Arnaud Laporte, producteur d’Affaires culturelles, Virginie Noël, adjointe à la déléguée communication, Sabine Ponamalé, responsable des partenariats, et Adrien Landivier, responsable du développement des publics.
Un choix éclectique qui a mis en avant des réalisations originales et sensibles.
Cette année, ce sont 1180 étudiants qui ont eu la chance d’échanger virtuellement avec les réalisateurs !
Curieux et intéressés, vous avez l’opportunité de visionner ces rencontres enregistrées sur le site du média.
Vous allez voir, ces entretiens ont été chaleureux, construits et très enrichissants.
Ils ont permis une analyse plus aiguisée et complète des jurés.
Les 5 films en lice pour le Prix France Culture Cinéma des étudiants sont :
- Abou Leila d’Amin Sidi-Boumédiène
- Garçon Chiffon de Nicolas Maury
- L’homme qui a vendu sa peau de Kaouther ben Hania
- En route pour le milliard de Dieudonné Hamadi
- Gagarine de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh
Les 2 films en lice pour le Coup de cœur des jeunes ACID – France Culture sont :
- Vitalina Varela de Pedro Costa
- 143 rue du desert d’Hassen Ferhani
Les résultats ont été révélés le 1er juin en ces jours chauds de printemps…
Les gagnants sont… : Gagarine de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh et 143 rue du désert d’Hassen Ferhani !
Gagarine, ce film qui souligne la force et la persévérance de la jeunesse notamment au travers du protagoniste principal, Youri. Ce jeune garçon de 16 ans rêve de devenir cosmonaute tandis qu’il voit sa cité Gagarine d’Ivry-sur-Seine être menacée de démolition. Cet adolescent va tout faire pour que ce projet échoue. Cette histoire met en lumière des vies touchantes, remplies de rêves, de soif d’avenir et d’humanisme. Des idées toutes plus ingénieuses les unes que les autres ainsi qu’une volonté de fer nous embarquent dans un « vaisseau spatial » avec ses amis mais surtout son amour… Tous vont se joindre à Youri et vont croire en lui. C’est une magnifique leçon de vie.
Fanny Liatard et Jérémy Trouilh forment un duo de cinéastes, actifs depuis 6 ans avec la sortie de leur deux premiers courts-métrage en 2015. En 2018 c’est Chien Bleu qui sort pour être, deux ans plus tard, récompensé du César du cinéma. La sortie de Gagarine signe alors leur premier long-métrage et sans-doute, un long voyage au sein de ce milieu du 7ème art.
143 rue du désert, est d’un tout autre style cinématographique mais tout aussi émouvant et vibrant. C’est au sein de l’envoutant désert algérien que Malika ouvre sa porte mais aussi son cœur aux passants tous plus uniques les uns que les autres. Chacun viendra prendre conseil autour d’un plat, d’un café ou d’une cigarette. Cette ambiance intime et vivifiante au sein de cette petite case est d’autant plus extraordinaire qu’elle se trouve au milieu de cet espace immense et nu. Ainsi, chaque personnalité ressort grandie de son entrevue avec cette femme courageuse, rigolote et pleine d’amour et nous nourrit également de ses réflexions.
Hassen Ferhani, cinéaste engagé qui a le souci de nous partager une Algérie à la fois poètique et brutale avec son Histoire et ses espérances est apparu sur le devant de la scène en 2006 avec la sortie de son court-métrage Les baies d’Alger puis en 2010 avec Afric Hotel et enfin Tarzan, Don Quichotte et nous en 2013 avant de passer au format long trois ans après avec la sortie de Dans ma tête un rond-point pour nous livrer aujourd’hui 143 rue du désert. Dans toute sa filmographie, Hassen Ferhani donne une place majeure à l’humain et ses tourments.
Félicitations à ces réalisateurs qui nous ont livré un cinéma touchant et plein d’humanisme. Les étudiants ont su faire preuve d’un grand professionnalisme.
Allez à la rencontre de ces différents univers dans vos salles de cinémas. Chaque film est à voir ou à revoir !
Rendez-vous l’année prochaine pour une nouvelle édition de ce festival qui donne de la place, de la voix et de la légitimité aux étudiants.
Pour retrouver les rencontres entre les jurés et les réalisateurs, c’est ici ! : https://www.franceculture.fr/evenement/visionnez-les-rencontres-entre-les-jures-et-les-realisateurs-en-lice-pour-le-prix-cinema-des
Mathilde Nicot