Les Nabis et le décor. Bonnard, Vuillard, Maurice Denis…
Après avoir vu l’exposition « Le « Talisman » de Sérusier, Une prophétie de la couleur » qui a ouvert le 29 janvier dernier au musée d’Orsay, un petit tour au musée du Luxembourg s’impose.
En effet, l’exposition « Les Nabis et le décor. Bonnard,
Vuillard, Maurice Denis… » montre l’intérêt des Nabis pour
l’ornemental qui occupe une place importante dans leur création en leur
permettant d’élargir leurs expériences techniques dans le domaine de la peinture
– de chevalet mais aussi sur paravent et éventail -, de l’estampe, de la
tapisserie, du papier peint, du vitrail. Fascinés par les estampes japonaises
qu’ils découvrent à l’occasion d’une exposition organisée en 1890 à l’Ecole des
beaux-arts de Paris, ils s’inspirent de ces images expressives pour mettre au
point une nouvelle grammaire stylistique. En proscrivant l’imitation
illusionniste et en affirmant la planéité naturelle du support, les Nabis ont
développé un art aux formes simplifiées, aux lignes souples, aux motifs sans
modelé, destiné à agrémenter des intérieurs contemporains. Leurs compositions
se distinguent par l’emploi de couleurs vives, de lignes ondulantes, de
perspective sans profondeur avec des motifs soulignés d’un cerne pour mieux les
détacher du fond.
Véritables pionniers du décor moderne, Bonnard, Vuillard, Maurice Denis,
Sérusier, Ranson, ont défendu un art en lien direct avec la vie permettant
d’introduire le Beau dans le quotidien. Ils prônent une expression originale,
joyeuse, vivante et rythmée, en réaction contre l’esthétique du pastiche qui
était alors en vogue. « Notre âge ne hait rien tant que les répétitions,
affirmait Roger Marx, les recettes héritées du passé, il est tourmenté par
l’appétence de l’interdit, il convoite le frisson nouveau ; échapper à la
hantise du ressouvenir, bannir ce qui est voulu, enseigné, telle est son
ambition, sinon sa règle. »
L’exposition au musée du Luxembourg permet de reconstituer des ensembles
décoratifs qui ont été démantelés et dispersés au cours du temps. Parallèlement
à la peinture, elle consacrera une part significative aux créations des Nabis
dans le domaine de la tapisserie, du papier peint, du vitrail et de la
céramique. Son parcours articulé en quatre sections aborde le sujet à travers
des thèmes importants comme l’association symbolique de la femme et de la
nature dans les œuvres de jeunesse de Bonnard, Maurice Denis, Vuillard et
Ker-Xavier Roussel, ou encore le thème des intérieurs chez Vuillard. Y sera
également évoquée la contribution de ces artistes aux innovations encouragées
par Bing dans sa galerie de l’Art nouveau.
commissariat :
Isabelle Cahn, conservatrice générale des
peintures au musée d’Orsay ;
Guy Cogeval, directeur du Centre d’études des
Nabis et du symbolisme
scénographie
:
Hubert Le Gall, assisté de Laurie Cousseau
Jusqu’au 30 juin 2019
Musée du Luxembourg
19 rue Vaugirard,
75006 Paris
ouvert tous les jours de 10h30 à 19h et nocturne tous les lundis jusqu’à 22h (fermé le 1er mai)
photos : Véronique Grange-Spahis