3 Juin 1940 : face à l’envahisseur allemand qui bombarde la capitale, des milliers de Parisiens prennent la fuite. En quelques heures les routes sont bondées, Paris désertée. L’exposition Les Parisiens dans l’Exode raconte le traumatisme que fut pour les civils ce départ précipité vers le sud. Pour sa première exposition temporaire, le tout nouveau Musée de la Libération – Musée Jean Moulin – Musée Général Leclerc nous fait revivre la panique et le chaos de ces instants qui ont marqué la mémoire collective des Parisiens.
Le parcours proposé suit un ordre chronologique, exposant de façon très claire l’enchaînement de cause à effet. Sont d’abords présentées les conditions qui ont favorisé le déclenchement de cette panique généralisée. On comprend notamment que la propagande et les rumeurs sur le sort des civils dans les conflits précédents nourrissaient une profonde angoisse face à l’avancée allemande.
Le parcours s’attarde ensuite sur la période de l’Exode à proprement parler. A partir du 3 juin et jusqu’à la signature de l’armistice le 17 juin, deux millions de Parisiens rejoignent progressivement la foule déjà dense des civils fuyant l’armée allemande. Où vont-ils ? La plupart n’en sait rien ; ils fuient, c’est tout. C’est l’aspect massif de leur cortège ainsi que ce climat d’incertitude qui a très vite fait penser à la fuite des Hébreux rapportée dans la Bible.
L’exposition s’appuie sur une très grande diversité de supports qui permet de reconstituer l’événement dans toutes ses dimensions. Photographies et films d’époques, témoignages, registres administratifs, journaux ou dessins d’enfant : toutes les sources participent à rendre palpables cette inquiétude et ce chaos ambiants. On est marqué notamment par les documents évoquant ces enfants perdus, séparés de leurs parents par la foule et pas toujours retrouvés. Sont également mis en lumière les réactions des autorités ; le préfet Jean Moulin par exemple dû faire face à l’affluence des réfugiés arrivant par milliers à Chartres.
La visite se termine avec le retour progressif des Parisiens chez eux après l’annonce d’un armistice. Ce retour ne fut pas toujours facile car la fin de l’Exode marquait le début d’une nouvelle période, celle de l’Occupation. Pendant quatre ans, il a fallu accepter que la croix gammée flotte au vent sur les grands hôtels parisiens. Ce nouveau traumatisme a sans doute fini par occulter celui de l’exode dans la mémoire collective des français, mais l’exposition Les Parisiens dans l’exode démontre qu’en soufflant sur les braises, cette mémoire est encore bien vive.
Savéria Costantini
Du 27 février au 30 août 2020
Musée de la Libération – Musée Jean Moulin – Musée Général Leclerc
4 avenue du colonel Henri Rol-Tanguy, 75014 Paris