Lettres ouvertes, de la calligraphie au street art

Lettres ouvertes, de la calligraphie au street art

Lettres ouvertes … à qui ?

À Louis Massignon qui en son temps avait tant œuvré pour un rapprochement  entre culture d’Orient et culture d’Occident ?
À Henri Michaux qui à partir de l’alphabet latin, à partir de sa propre écriture, de sa propre graphie avait ouvert  la lettre à une autre mission que de signifier,  avait ouvert la lettre à d’autres voyages, à d’autres départs ?
À Henri Michaux qui d’un seul mouvement passa de la graphie de l’écrivain à celle du peintre ou du graveur ?
À Paul Klee qui, dans nombre de ses compositions introduit la lettre, la lettre qui « fait signe », la lettre qui – nous – fait signe ?
A Isidore Isou, fondateur du Lettrisme qui  dès 1945 explorait le potentiel poétique de la lettre en dehors de tout  contenu sémantique ?

Lettres ouvertes au grand vent de toutes les aventures artistiques.
Nul doute que la graphie arabe plus que tout autre se prêtait à ces glissements vers d’innombrables avatars.

À l’Institut des Cultures d’Islam  on peut voir :

Quelques vers calligraphiés dans le style Koufic carré devenir labyrinthe.
D’autres vers (extraits du prophète de Khalil Gibran ) devenus vitrail.
La calligraphie la plus classique participer aux manifs de la place Tahrir et devenir street art.
Une calligraphie rêvée qui vole sur les murs d’une pièce blanche et l’emplit d’une musique silencieuse.
Un signe, un geste, un seul, magistral, nommé par son auteur Musicalligraphie, exécuté au pinceau comme certains idéogrammes japonais.
Un signe d’acier mais pourtant léger et vif comme un trait de pinceau ou de calame.
Et aussi une infinité d’applications et d’interprétations sur les supports les plus variés.

Quand la lettre (associée à d’autres)  s’ouvre et renonce à signifier c’est , du même coup, une infinité de portes qui s’ouvrent , une infinité de mondes qui se rencontrent,  se retrouvent, dialoguent, échangent, accueillent une autre poésie et suscitent un autre regard.

C’est ce voyage, ce sont ces Lettres ouvertes hors les manuscrits, hors les pages imprimées, hors les murs des mots, loin des caractères jadis figés dans le plomb et dont les polices aujourd’hui numérisées perpétuent l’immutabilité, que propose sur deux sites.

Jusqu’au 21 Janvier 2018

l’Institut des Cultures de l’Islam
56 rue Stephenson 75018 Paris
et rue Léon

Pierre Vauconsant