Liban, entre réalité et fictions

Liban, entre réalité et fictions, biennale de la photographie

Mardi 10 septembre 2019, Jack Lang inaugurait la troisième biennale dédiée à la photographie du monde arabe contemporain, sur le thème Liban, réalité et fictions. Un thème qui prend tout son sens dans un contexte politique avec le Proche et le Moyen Orient compliqué. A la même heure, c’était la photographie marocaine qui était célébrée quelques pays plus loin. A cette occasion l’ancien ministre de la culture a loué « l’incroyable et étonnante créativité du monde arabe« , « l’effervescence artistique » photographiées par des artistes natifs mais aussi par les étrangers portant leur propre regard sur le Liban, créant une rencontre des points de vue.

Ces artistes qui réinventent la photographie grâce à leurs différentes techniques sont à admirer dans plusieurs galeries parisiennes, notamment chez Graine de Photographe, dans le quatrième arrondissement. Son lieu privilégié reste cependant l’Institut du Monde Arabe. Certains artistes brisent les murs entre les arts, d’autres apportent une vision de l’idéal pendant que d’autres encore créent, donnent écho à des interrogations du monde moderne.

Vicky Mokbel qui expose à ce jour nous confie qu’il s’agit pour elle d’une démarche socialo-politique, qui a pour origine un attrait pour la photographie architecturale. “sa façade est à l’image de sa problématique.

Le Liban vit avec des coupures de courant depuis 44 ans, on vit au rythme de ses allers et venues. Je suis très frontale dans ma façon de travailler” dit-elle. “Une même corrélation d’âme d’esprit règne clairement entre l’intérieur et l’extérieur. ça a impacté ma manière de photographier. je l’ai fait de manière désuète.” Quand on lui demande ce que révèle l’absence de la figure humaine, elle répond que ça représente bien l’abandon de la vie au Liban. elle parle de “poésie environnementale” pour une “nation éteinte” qui espère.

Si elle dépeint le désespoir de la ville, d’autres en capturent les moments de joie lors de soirées alternatives. Les lieux déserts se remplissent de jeunesse, et les femmes se libèrent. Cette nouvelle édition de la photographie est donc sous le signe de la revandication, voire de la protestation, comme l’exprime Antiparadise, qui oppose les paysages splendides aux ruines, ou encore la série Live, Love, Refugee, montrant par des photos en noir et blanc aux légendes frappantes la vie des syriens dans un contexte toujours plus difficile.

Il ne faut donc pas attendre pour visiter cette fabuleuse exposition, gratuite dans ses annexes partout dans Paris, et payante à l’institut du monde arabe. Toutes les infos complémentaires sur le site https://www.imarabe.org/fr/expositions/troisieme-biennale-des-photographes-du-monde-arabe-contemporain

Sixtine Bénatier

Jusqu’au 24 Novembre 2019

Institut du Monde Arabe

1 Rue des Fossés Saint-Bernard,

75005 Paris