Après La Marche de l’empereur, Oscar du meilleur film documentaire en 2006, Luc Jacquet au travers de son nouveau film, Voyage au pôle Sud, nous propose de passer la porte de son intimité profonde le temps d’un voyage au pôle Sud.
En 1991, Luc Jacquet partait pour sa première mission en Antarctique. Trente ans plus tard, il revient là où tout a commencé pour lui. Une invitation au voyage au cœur d’une nature sauvage et grandiose qui n’a jamais cessé de fasciner les hommes et d’attirer les plus grands explorateurs.
Cela fait déjà 30 ans qu’il a rencontré les pingouins empereurs qui l’ont changé à jamais : cela lui a créé en lui une addiction au continent « magnétique ». Mais cette fois-ci, ce ne sont pas les pingouins qui ont la vedette, ni même Luc Jacquet, ce sont les paysages sublimes du pôle Sud. Le réalisateur, seul acteur humain du film, fait face à l’immensité blanche, à sa force immuable. Il est dans ce film, véritable « Voyageur contemplant une mer de nuages ». Et c’est tel un romantique qu’il part en quête de lui-même, pour comprendre ce vide lancinant qui le hante depuis ses 23 ans.
On ne voit jamais le visage de face de notre aventurier solitaire, il est toujours de profil, comme pour conférer la vedette aux immenses glaciers et banquises qui peuplent le continent aux tons blafards. Tout le film est en noir et blanc, ce qui rappelle la douce nostalgie retranscrite dans les œuvres prises avec des appareils argentiques. Ce choix esthétique apporte au film une douceur mélancolique, et les spectateurs (qui font office aussi de confidents) sont transportés dans une quête poétique bercée par la voix de Luc Jacquet. Cette dernière nous conte les doutes, le respect pour les aventuriers qui ont précédé notre protagoniste, et surtout son amour profond envers le pôle Sud.
Voyage au pôle Sud montre aussi comment se déroule une excursion, et surtout ses multiples dangers et incertitudes. Bien que des drapeaux aient été plantés, des bases de recherche installées, la banquise est loin d’être conquise. Chaque pas est un choix méticuleux et l’on y risque toujours sa vie comme les deux cameramen coincés dans le blizzard lors du tournage de La marche de l’empereur. On retrouve bien évidemment nos acteurs préférés : les pingouins et leurs compères qui rajoutent une touche humoristique au film.
Mais Luc Jacquet souhaite faire passer un message fort pour la préservation des espèces et surtout des paysages sauvages. Et, confrontés à la beauté qui tient du sublime philosophique du pôle Sud, on ne peut s’empêcher de rêver à un tel voyage…
Clara Alle
Photos: Cédric Gentil
Voyage au pôle Sud
Sortie le 22 décembre 2023
Durée : 1h20
Réalisateur : Luc Jacquet