Man Ray et la Mode

L’artiste de la photographie de mode

Ami de Marcel Duchamp et fondateur du Dadaïsmeaux Etats-Unis avec celui-ci, puis pilier du Surréalisme avec André Breton et tant d’autres… Nous le connaissons aussi dessinateur, peintre et photographe. En effet, le nom de Man Ray est tout de suite associé aux mots Photographie et Surréalisme. Cependant, il y a une période dans le travail de l’artiste qui nous est peu connue : son œuvre en temps que photographe de mode. Le Musée du Luxembourg a donc décidé de lui dédier une exposition entière intitulée : Man Ray et la Mode. Cette partie de son travail n’avait malheureusement jamais été l’objet d’une exposition jusqu’à aujourd’hui.

Ainsi, le musée a choisi de mettre en valeur son œuvre autour de quatre grands axes de 1920 à 1930. L’introduction de l’exposition nous permet de situer la pratique de l’artiste en tant que photographe de mode. Ensuite, nous sommes dans les années 1920 à Paris où musique et vidéos permettent de nous mettre dans l’ambiance des années folles. A cette époque, l’art de la photographie du portrait se mêle à la photographie de mode. C’est ainsi que le portrait mondain prend son essor, notamment grâce la vicomtesse Marie-Laure de Noailles – personnalité en vue du tout-Paris – qui posera à plusieurs reprises pour Man Ray. Installé dans le quartier Montparnasse il rencontre la jeune Alice Prin, plus connue sous le nom de Kiki de Montparnasse qui deviendra sa muse et sa compagne. Cette période nous amène à découvrir par la suite la montée en puissance de la mode et de la publicité.

Le premier contact de Man Ray avec la mode se fait par l’intermédiaire de Paul Poiret, qui lui présentera Gabrielle Buffet-Picabia. Malgré le fait que le couturier aide le photographe en lui mettant à disposition ses mannequins, Man Ray n’est pas satisfait mais cela lui permet de mettre un premier pied dans le monde de la mode. Ce premier pas dans ce monde si particulier lui fera rencontrer Gabrielle Chanel alias Coco Chanel dont il fera de nombreux portraits. Viennent les années 1930, apogée de la photographie de mode et par là nous entendons les années au Harper’s Bazaar.

Le krach boursier de Wall Street, l’insouciance et les débordements des années Folles qui prennent fin, le monde de la mode décide de revenir à un certain classicisme. C’est là, qu’apparait Elisa Schiaparelli, grande couturière de cette époque qui se fit remarquer grâce à un pull-over. Elle posera de nombreuses fois pour Man Ray avec ses propres créations. C’est à cette période que Man Ray passe définitivement à la photographie de mode et abandonne le portrait mondain. Il commence à travailler pour les grandes revues de l’époque comme Vogue Paris, Harper’s Bazaar et Vanity Fair le premier magazine à publier ses clichés.

Comme vous l’aurez compris, il ne s’agit pas d’une simple exposition photographique ou chacun des clichés – aussi beaux soient-ils – sont exposés les uns à côtés des autres. Ici, nous sommes en pleine découverte d’un travail méconnu d’un artiste mondialement connu. En faisant évoluer son art Man Ray a fait évoluer la mode et inversement. Ces deux mondes ont été complémentaires et avaient besoin l’un de l’autre pour exister et s’émanciper. Ainsi, en nous faisant découvrir la mode à travers des vitrines, des mannequins emperruqués mais surtout au travers des clichés de Man Ray, cette exposition nous fait découvrir une facette de l’artiste que ne nous connaissions pas.

Celui qui fut le maître de la solarisation, un des maîtres du Surréalisme, qui illustra les poèmes de Paul Eluard dans « Les Mains Libres » (1937) et qui était fasciné par les romans du Marquis de Sade a eu une autre vie d’artiste avant celle qu’on lui connait. Une autre vie qui lui à permis d’être un des artistes du XXème siècle les plus connus du monde.  

Manon Quantin

23 septembre 2020 au 17 janvier 2021

Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, 75006 Paris

Ouverture tous les jours de 10h30 à 19h, nocturne jusqu’à 22h le lundi, les 24 et 31 décembre de 10h30 à 18h, fermeture le 25 décembre.