Masques

Dans cette première exposition de « la boite à masques » au sein de la galerie Loo & Lou, les masques se dévoilent les uns après les autres, révélés par la lumière qui les illumine… un effet d’autant plus surprenant que les murs sont noirs.

Tous ces masques ont été portés par des acteurs/danseurs, parcourant le monde de scène en scène. Les regarder, les observer nous font imaginer le spectacle initial. Même accrochés aux murs, statiques, ils dégagent une impression extraordinaire comme s’ils allaient prendre vie et se mettre à se déplacer… 

L’artiste Janine Grillon :

Née en 1932 à Paris. Après des études à l’Ecole Nationale des Arts Appliqués, Janine Grillon intègre l’école de mime d’Etienne Decroux (où elle rencontre Wolfram Mehring). Créatrice de masques, décors et de costumes, artiste peintre (elle expose pour la première fois au Musée d’art Moderne de Paris en 1954 !) –  ses œuvres sont présentées dans de nombreuses galeries partout dans le monde –

Directrice artistique de la compagnie « La mandragore » (elle confectionne les décors, les masques et les costumes de toutes les créations de la troupe dirigée par Wolfram Mehring), puis actrice dans la troupe du japonais Yano Hideyuki, sa grande expérience du monde du théâtre et sa créativité en font une artiste incontournable.

Elle décède en 2017.

 « O. Asian : Comment Madame Grillon conçoit elle les masques?

J. Grillon : En fonction des improvisations de l’acteur, de son anatomie, de son écriture dans l’espace, de son énergie, de son rythme. Selon tous ces paramètres, à partir d’un volume de tête qui s’inspire de sa morphologie, j’espacerai ou je rapprocherai les traits, je les ferai ronds ou anguleux, j’ouvrirai plus ou moins les narines ou la bouche. Au moment où je mets le masque sur le visage de cet acteur, je le “tue”, il doit entreprendre une seconde phase de travail. Au lieu de “monter” son énergie comme lorsqu’il improvisait à découvert, il doit la descendre, faire passer sa force à travers cette coquille que constitue le masque, être plus fort qu’elle. Le jeu doit être nourri par une énergie qui monte des pieds, des jambes, du bassin, c’est la base indispensable. Ensuite le masque tempère ce qui serait excessif et l’empêche de se manifester au dehors. »

L’association 4 couleurs soutient cette exposition dans son action culturelle puisqu’elle défend des valeurs qui lui sont chères : celles de la transversalité des arts (des masques de théâtre qui sont également des sculptures, des peintures), de l’identité culturelle, du rapport au corps, de la théâtralité, de l’unicité.

L’exposition a vocation de voyager – d’un bout à l’autre de la planète : une boîte noire dans laquelle l’exposition se promènerait à dos de bateaux, de roulotte ou de camion – afin de partager auprès du plus grand nombre cette expérience ludique avec les masques – L’idée est de vivre une sensation de surprises avec les masques, une expérience de confrontation, d’étonnement, d’émotions qui permet au « spect-acteur » de s’interroger, de découvrir et de s’initier.

Le fils de Janine Grillon, Alexandre Mehring, souhaiterait faire don de ses masques à un musée une fois l’expérience de « la boite à masques » achevée

Dans le très beau catalogue, on retrouve les différents masques de l’exposition, agrémenté d’une biographie et d’images d’archives en français, anglais et japonais

Commissaire d’exposition : Delphine Garnier

Direction artistique : Alexandre Mehring

Musique Originale : Nicolas Bikielo

Jusqu’au mercredi 27 mars 2019

Galerie Loo&Lou

45, avenue George V

75008 Paris

De 11h à 19h

Photos : Véronique Grange-Spahis