Miro

Miro

« Je briserai leurs guitares. »  » Je veux détruire la peinture »

Complétement Miro !

Du jeune « Fauve catalan » à Bleu 1, Bleu 2, Bleu 3, tout Miro !
La rétrospective du Grand Palais mène le visiteur de Catalogne à Paris, de Mont roig, à la rue Blomet,  des premiers maîtres catalans de l’artiste à ses rencontres parisiennes avec les stars du fauvisme, du cubisme, de l’abstraction et du surréalisme.
Rencontres enrichissantes pour Miro mais pas déterminantes. Le jeune homme regarde, étudie, admire ses nouveaux amis mais ce qu’il cherche est ailleurs et autrement.
Miro cherche sa propre voie. Miro cherche sa propre voix.

Les premières salles de l’exposition rendent compte de cette recherche dichotomique où le peintre, alors qu’il vient à peine d’assimiler les leçons de Braque, de Picasso, de Juan Gris, Fernand Léger ou Georges Gleizes, s’empresse de s’en éloigner, de se tenir à distance comme on s’écarte d’un feu trop vif par crainte d’être dévoré. il préférera la leçon cézanienne.

Les quatre ou cinq premières salles déstabilisent le visiteur. Quand bien même il sait que les premières œuvres d’un artiste ne disent rien de ce qu’il fera ensuite, le visiteur attend de voir le Miro qu’il connaît et ne reconnaît dans ces premières salles ni ses palettes éblouissantes, ni ses signes, ni ce style qui sera le sien mais est encore en gestation.

Pourtant dès la quatrième salle s’opère un tournant décisif. Miro rencontre dans le quatorzième arrondissement la fine fleur des poètes parisiens, souvent surréalistes, Michel Leiris, Georges Bataille, Robert Desnos, Raymond Queneau. Il y aura aussi Paul Éluard et André Breton sans oublier les peintres André Masson et Picasso pour le travail duquel il nourrit la plus grande estime mais qu’il ne suivra jamais quelle que soit sa dernière métamorphose.

On est en 1927 c’est le temps venu des Paysages Imaginaires. Un monde cosmique où la ligne, le trait, à la fois épuré et vivant de Miro font naître avec allégresse et truculence une vie imaginée dans un monde onirique que l’on reconnaît enfin pour celui que l’on est venu chercher.

Il y aura ensuite Les Constellations où l’artiste élabore une langue idéographique et pictographique  qui lui est propre et sera désormais présente dans tout l’œuvre à venir en filigrane ou de façon dominante.

L’aboutissement est sans doute dans ce Bleu1, Bleu 2, Bleu 3 où comme Turner ou Monet qui finirent par éliminer le sujet pour ne plus peindre que la lumière, Miro, lui, minimalise son langage graphique à quelques points et sa palette à un seul bleu.
Magnifique !

Et l’expo ne s’arrête pas là.
Il y a aussi les céramiques réalisées entre 1944 et 1946, les sculptures réalisées dans les années 60 comme un clin d’œil à son ami Calder.

Et enfin et surtout à ne pas manquer les deux grands films projetés dans l’expo où l’on peut voir et entendre ce géant du XXème siècle parler de lui et de ses amis artistes avec une bienveillance savoureuse mais non exempte de lucidité ni d’humour.

En passant par la boutique :

Jusqu’au 4 février 2019

Grand Palais
3, avenue du Général Eisenhower
75008 Paris
Lundi, jeudi et dimanche de 10h à 20h, mercredi, vendredi et samedi de 10h à 22h (fermeture à 18h les 3 et 11 octobre) – Fermeture hebdomadaire le mardi

Pierre Vauconsant
photos : Véronique Grange-Spahis