« Moi, Caravage » ou le portrait en clair-obscur d’un punk bien avant l’heure
« En écrivant La Course à l’abîme, roman qui tente de ressusciter par l’écriture la figure du peintre Caravage, je ne pensais pas voir jamais ressurgir celui-ci, sous mes yeux, en chair et en os, cheveux noirs et mine torturée, tel que je me l’étais imaginé, brûlé de désir, violent, insoumis, possédé par l’ivresse du sacrifice et de la mort. Eh bien, c’est fait : Cesare Capitani réussit le tour de force, d’incarner sur scène cet homme dévoré de passions. Il est Caravage, Moi, Caravage, c’est lui. Il prend à bras le corps le destin du peintre pour le conduire, dans la fièvre et l’impatience, jusqu’au désastre final. » Dominique Fernandez.
Cesare Capitani s’est inspiré de l’œuvre de Dominique Fernandez publiée chez Grasset, pour ce fascinant autoportrait de Michelangelo Merisi dit Caravage. Cette confession fiévreuse, ponctuée comme dans un rêve éveillé par des chants a cappella, est un véritable choc esthétique et émotionnel.
Caravage se confesse et revit sous les yeux du spectateur toute son existence : l’enfance dans le petit bourg lombard, l’approche de la peinture, les premiers ennuis avec la justice, la fuite à Rome… Là, le jeune Michelangelo, avec quelques tableaux d’une puissance et d’un érotisme jamais vus, révolutionne la peinture et connaît la gloire : les princes le courtisent, les cardinaux le protègent… Mais voilà : il est de caractère violent et asocial. C’est un rebelle : il refuse tout compromis, toute facilité que lui assurerait son talent.
Son mode de vie est une provocation constante, ses œuvres un affront perpétuel à la morale : il aime les femmes et les hommes, il prend comme modèles des prostituées et des voyous, il est toujours prêt à sortir son épée… Les procès à son encontre se multiplient, ainsi que ses séjours en prison. Il tue un homme et il est condamné à mort. Il s’enfuit et erre entre Naples, Malte, la Sicile… Il meurt mystérieusement sur une plage au nord de Rome : il n’a pas encore quarante ans.
Vents d’Orage a pris grand plaisir dans cette rencontre avec celui qui incarne la passion fiévreuse dans un parcours aussi romanesque que romantique… un personnage fougueux, impétueux, irrévérencieux mais aussi… très amoureux. Tout ce qui caractérise certaines du mouvement punk, avec quelques siècles d’avance :
Auteur : Dominique Fernandez
Adaptation : Cesare Capitani
Avec : Cesare Capitani et Laetitia Favart ou Manon Leroy
Mise en scène: Stanislas Grassian
Direction d’acteurs : Stanislas Grassian
Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=OD1uGtC0BDs
Jusqu’au 12 mars 2017 du mardi au samedi ; en italien les mardis
Lucernaire
53 Rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris
David Fargier