« Mystérieuses Initiations égyptiennes au Musée de la Franc-Maçonnerie »

Depuis la renaissance, l’Egypte antique est considérée comme le berceau de l’initiation. Elle suscite chez les érudits comme dans le public, rêve et spéculations sur la nature des cérémonies égyptiennes.

Dans les années 1730, l’opinion est frappée par les similitudes entre les usages singuliers de la Franc-Maçonnerie et ce que l’on sait des Mystères d’Isis. Dès le XVIII siècle, certains accentuent ces traits et constituent des rites maçonniques qui puisent leurs origines dans les sources égyptiennes ; Platon, Plutarque, Dante, (et bien d’autres), ainsi que la science de la Grande Déesse Isis ayant déjà posé les fondements de ce qui allait constituer la richesse de ces rites dont le plus célèbre d’entre eux avec la « Haute Maçonnerie égyptienne » de l’énigmatique Mage Cagliostro.

En 1800 l’expédition de Bonaparte au pied des Pyramides renforce encore cet enthousiasme pour l’égypte qui touche particulièrement les loges maçonniques (confrérie qui réunit un petit groupe de membres d’une obédience au niveau local). Rappelons-nous que Paris sous Napoléon, par l’influence de poètes ésotériques, est dénommé Bar-Isis, la cité de la barque d’Isis. Ainsi la diffusion isiaque s’est universalisée.

Le rite de Misraïm (égypte en hébreu) naît à Naples vers 1810. Le rite de Memphis se forme dans son sillage, entre interdiction, renaissance et avant-gardisme avec des femmes admises à l’initiation chez les Sophisiens.

Tout au long du XIX siècle, puis sous l’énergique impulsion de Robert Ambelain au XXème siècle, les rites de Memphis et de Misraïm rassemblent des maçons plutôt versés dans l’ésotérisme et en quête d’une profonde spiritualité.

« Le féminin sacré » y prend alors une place particulièrement signifiante. L’émergence d’une obédience purement féminine dédiée à ces rites l’atteste. Il s’agit de la toujours très vivace Grande Loge Féminine de Memphis Misraïm constituée de multiples loges qui rayonnent tout autour du globe.

Cette exposition – « De Cagliostro à Memphis Misraïm- Initiations Egyptiennes » – rappelle la force de l’imaginaire égyptien en France et retrace les premières grandes heures de ces deux siècles et demi de franc-maçonnerie égyptienne.

On pourra y découvrir des pièces rarissimes comme le manuscrit du rituel de la loge de Cagliostro « La Sagesse Triomphante » (1784) ou inconnues jusqu’à ce jour, comme cette grande toile du XVIII siècle découverte tout récemment et qui représente une initiation maçonnique devant la grande pyramide. On y découvre également de très anciens documents attestant de l’existence du Rite de Misraïm (1811) ainsi qu’une scénographie d’un temple aux couleurs des rituels.

A travers cette exposition de turquoise et d’or, le visiteur pourra lever un voile sur cette « quête de l’initiation égyptienne » – véritable égyptophilie spirituelle qui s’est discrètement développée en parallèle de la très scientifique « description de l’égypte », des découvertes de Champollion et de ses successeurs.

Dans son fameux discours de 1736, le chevalier de Ramsay, philosophe, en célèbre les vertus tout en attisant une légitime curiosité pour ces rites chargés de symboles qui portent l’histoire du monde et de ses mythes didactiques.

A propos des rites de Memphis Misraïm, Ramsay confie que « les initiés y trouvent un mets exquis qui nourrit, qui élève et qui rappelle à l’esprit les vérités les plus sublimes ».

Le grand historien, Mircea Eliade, nous rappelle la fonction du mythe : il est « une histoire sacrée : il relate un événement qui a eu lieu dans le temps primordial, le temps fabuleux des « commencements ».

Alors pour finir, recommençons… à chercher ces vérités !

Texte et photos : Valmigot

Exposition du 15 septembre 2021 au 31 mars 2022

Musée de la Franc-Maçonnerie, 16, rue Cadet, 75009 Paris

Le musée est ouvert du mardi au vendredi de 10h à 12h30 et de 14h à 18h, le samedi de 10h à 13h et de 14h à 19h, le dimanche de 10h à 12h30 et de 14h à 18h – Fermeture les lundis et jours fériés.

https://www.museefm.org