« Nés quelque part » : et si vous étiez nés à l’autre bout du monde ?
À l’ombre de la cathédrale, chère aux strasbourgeois, une vaste tente blanche, sur laquelle une question interpelle les passants : « et si vous étiez nés à l’autre bout de la planète ? ». Curieuse invitation à rentrer dans cet espace, qui offre une expérience inédite.
Se mettre dans la peau d’un autre, nous l’avons tous plus ou moins déjà imaginé. La pratique est moins aisée, et c’est le pari que fait l’Agence française de développement en proposant une immersion dans une véritable exposition-spectacle.
Symboliquement, il s’agit d’être transporté de façon très authentique dans l’univers culturel d’un autre citoyen du monde. L’expérience est curieuse, attrayante ou inquiétante pour les moins à l’aise. Concrètement ? Un nom, une histoire, et voilà votre identité transformée le temps d’une bonne heure. L’immersion est rendue réelle par la présence de repères olfactifs, sonores, visuels, qui interrogent sans cesse les 5 sens.
Au-delà d’un simple jeu de rôle, cette immersion au cœur de l’art quotidien et de la vie locale d’une population doit sensibiliser aux défis actuels du développement, aux quatre coins de la planète. Adanya, Manolo, Mehiata ou Waito, viennent d’horizons différents, mais ont tous quelque chose en commun : citoyens de la planète, ils font face aux défis qu’elle leur présente. En effet, on comprend très vite que la fonte des glaces concerne aussi bien les côtes californiennes que le bidonville d’Abuja, capitale du Niger.
Ainsi, grâce à une nouvelle identité désignée, la distance se réduit et il est possible d’approcher relativement près de réalités connues par un autre, à l’autre bout du monde.
L’exposition vivante et interactive s’ouvre sur une vidéo projection résumant les ambitions qu’avait portées la conférence des Nations Unies en 2015. Une part d’optimisme en ressort, énonçant les progrès incontestables observés sur le terrain. Mais on comprend que beaucoup reste encore à faire, et chacun à son niveau.
C’est autour de ce « cri de ralliement du monde entier » que prises de conscience et idées novatrices sont amenées à germer, sous cette grande tente transformée en archipels de pays.
Le parcours se construit en plusieurs étapes, qui constituent une suite logique, sans que personne ne quitte son personnage. Conférences, discussions de « famille » ou de clan. Pour ma part, jeune fillette de 10 ans, j’accomplis la mission de convaincre un père de famille de laisser sa fille à l’école au lieu de la marier précocement.
À la fin de cette belle expérience, des graines symboliques sont échangées, à l’image des espoirs et progrès réalisés. Pour le Cameroun, c’est la graine de soleil, fertilisant. Ma « famille » nigériane sème pour sa part les graines de mais, symbole de l’autonomie de la femme.
Chacun à sa manière peut se sentir touché par une telle immersion, le message étant le suivant : être acteur à son niveau pour contribuer à « bâtir un avenir mondial commun. » Par des chaines solidaires, on comprend qu’il est possible d’envisager un niveau optimal de développement planétaire, en harmonie avec la nature.
« Nous serons cette génération-là. » : Un message plein d’espérance pour l’avenir.
Déjà expérimenté à Bordeaux, Paris, Lyon, Roubaix et Marrakech, ce parcours immersif fait escale à Strasbourg, jusqu’au 28 juin.
Du 24 mai au 28 juin 2018
Fermé les lundis
Durée 1h30 – Tous publics dès 9 ans
Pour plus d’informations : http://nesquelquepart.fr
Alice Cubillé, étudiante à Sciences Po Lille en 1ère année