La veille du solstice d’été, l’un des saxophonistes les plus brillants de sa génération Nicolas Arsenijevic sort un album digital intitulé Inveniendi.
Le nom de l’album est évocateur puisqu’il fait référence à l’idée classique du processus intellectuel d’ars inveniendi (l’art d’inventer) qui consiste à fonder, à partir de données déjà connues, une toute nouvelle réalité. En théorie, ce procédé permet d’ouvrir de nouvelles perspectives et est à l’origine de toute démarche mathématique et créatrice.
Un titre finement choisi car l’enregistrement reprend des classiques de la musique de chambre : Inveniendi du compositeur argentin Ricardo Nillni, L’or et le cuivre du jeune pianiste et compositeur français Jean-Baptiste Doulcet, le Quintette pour saxophone et cordes du violoniste et compositeur allemand Adolf Bush, et élément fondamental de cet album le Quintette pour clarinette et cordes du grand Johannes Brahms, figure d’inspiration pour Nicolas Arsenijevic.
Fervent défenseur du saxophone, le projet d’Arsenijevic est de redorer l’image de cet instrument encore mal-aimé et sous représenté dans la musique classique car considéré comme pauvre à cause de son répertoire limité. Pour le musicien, les capacités du saxophone sont multiples : il peut prendre différentes formes et ouvrir sur une multitude de possibilités timbriques.
Il fait alors le pari de l’associer à un quatuor à corde : Yaoré Talibart et Clémence Mériaux au violon, Anna Sypniewski à l’alto et Aurélie Alexandre d’Albronn au violoncelle, alors même que leurs sonorités sont souvent opposées.
L’album donne un coup de jeune à la musique de chambre. On redécouvre le saxophone alto qui offre tantôt de la densité et de la profondeur, tantôt de la légèreté aux cordes qui l’accompagnent. Non seulement le saxophone s’intègre naturellement au quatuor sans en altérer l’équilibre, mais de surcroît l’union de ces instruments révèle effectivement des timbres et des harmonies insoupçonnés.
Le tâche de l’album Inveniendi est remplie, Arsenijevic parvient à découvrir à partir d’un quelque chose déjà connu et participe activement à la démocratision du saxophone dans la musique classique !
Manuella Sorin
Sortie digitale le 19 juin 2020
Label Chapeau l’Artiste
Enregistré en mai 2019 à l’Auditorium du CRD d’Aulnay-Sous-Bois