Norvège, Soleil de minuit sur les îles Lofoten
La Norvège, loin du tourisme de masse
En général, pour les vacances, les gens rêvent de contrées chaudes. De fait, les destinations nordiques sont moins prisées. Pourtant, choisir de partir en Norvège, s’est révélé une superbe expérience : exit la foule et la liquéfaction sous un soleil de plomb.
Incontournable : la Norvège, c’est cher ! Oui absolument! Mais quel plaisir de ne pas être sans cesse harponné pour l’affaire du siècle. Que vous soyez touristes ou Norvégiens, les prix restent les mêmes. Les autochtones vous regardent avec bienveillance sans voir en vous, la vache touristique laitière, qu’il faut impérativement traire. C’est reposant.
Des îles situées sur le 66° parallèle
Avec une longueur de plus de 2 500 km, que visiter en Norvège ? On me suggère les îles Lofoten. Cette destination, très appréciée des marcheurs, des grimpeurs enchante tous ceux qui recherchent une nature authentique et sauvage. Ces îles montagneuses, étendues sur 150 km se situent au niveau du cercle polaire arctique. Du 28 mai au 14 juillet, le soleil ne se couche pas, soit un total de 35 nuits blanches. Réchauffées par le Gulf Stream, le climat des îles Lofoten reste doux comparé aux autres régions situées sur le cercle polaire, c’est le lieu rêvé pour admirer le soleil de minuit.
Le fief des Vikings
Historiquement, les îles Lofoten ont toujours été habitées par des pêcheurs : l’endroit idéal pour la pêche au cabillaud appelé aussi morue. Déjà du temps des Vikings, elles étaient connues pour leurs eaux poissonneuses. L’île de Vestvågøy conserve les traces de la plus grande construction viking découverte à ce jour. Dans les petits villages, il n’y a pas toujours d’hôtel, on dort alors dans des « rorbuer » : cabanes de pêcheurs en bois, arrimées aux rochers par des pilotis. Rénovées et peintes dans des couleurs vives, elles disposent de tout le confort. Vous pouvez aussi opter pour le camping sauvage, très prisé des jeunes partis à l’assaut des sommets ou des motards venus de Finlande, Danemark… Dans ce cas, il faut s’équiper d’une tente robuste et d’un duvet de qualité, car en Norvège, le temps change très vite. Le thermomètre monte aisément à 22°, pour redescendre aussi rapidement à 10° ou l’inverse. Les Norvégiens superposent les vêtements qu’ils enlèvent au grès des caprices de la météo.
Se rendre aux îles Lofoten
Prendre un vol intérieur Oslo/Bodø, prononcer Boudeu, puis louer une voiture et traverser avec l’un des nombreux ferries, qui dessert les îles. Nous accostons au sud, sur l’île de Moskenes. Ici, pas de forêt comme l’on rencontre au nord, mais des plages de sable fin, des falaises, de gros éboulis de roches métamorphiques et des montagnes qui semblent surgir de la mer. Et, puis des étendues d’eau partout, où le regard se porte, si bien que l’on ne distingue plus les fjords, des lacs. Les neiges éternelles s’accrochent au sommet des pics acérés. Et tout autour, une nature verdoyante arbore une multitude de fleurs, de toutes les couleurs, un peu comme si après ces longs mois d’hiver, il fallait rattraper le temps perdu.
Nous dormons à Sørvågen, dans un « rorbuer » au confort nordique : grosse couette, des cloisons en bois, une cuisine entièrement équipée et une terrasse pour goûter la nuit qui ne vient pas. C’est d’ailleurs troublant, ce soleil qui ne se couche pas. L’envie de dormir s’estompe, une énergie nous intime de profiter de cette lumière qui n’en finit pas. Nous explorons le village et les alentours, puis paressons à la terrasse d’un café, toujours baignés par cette clarté.
Les aigles de mer
Vers le nord, nous arrêtons à Svolvær, ville réputée pour ses excursions en bateau à l’intérieur des fjords, à la découverte des aigles de mer. Nous optons pour un tour de 4 heures. Outre le thé et le café chaud, l’équipage nous propose des combinaisons made in Norway. C’est une excellente idée, car même en été, le froid, l’humidité se ressentent très vite sur le bateau. Nous remontons le Trollfjord, les paysages sont sublimes. Premier arrêt, l’équipe sort les cannes à pêche, afin que nous puissions attraper les poissons qui serviront à appâter les aigles de mer. L’un des marins insiste pour que je m’essaye à la pêche. Je n’ai aucune compétence et toutes mes velléités de pêcher se sont toujours soldées par un échec. Il me prépare ma cane, sans mettre aucun appât, nul besoin. À peine trois minutes et j’ai ferré un brosme. Mon professeur attitré m’aide à le remonter sur le pont, pas si simple, car il se débat et pèse son poids ! La mer s’avère si poissonneuse que même le plus réfractaire serait en mesure d’attraper du poisson. C’est en Norvège que le plus grand lieu a été pêché : 22 kg. Nous longeons les nombreux dédales de cet immense fjord.
Sauvage, peu habitée, cette côte est le repaire des aigles de mer. Nouvel arrêt, les mouettes, moins farouches, arrivent les premières. Soudain, un aigle tournoie, si haut dans le ciel, que même avec ses yeux perçants, je me demande s’il pourra voir les petits morceaux de poisson que l’équipage débite et jette dans l’eau avec parcimonie. Brusquement, il fonce à une vitesse stupéfiante, rase l’eau, plante ses griffes dans le poisson et s’envole. Nous sommes tous subjugués par la prestance de ces rapaces, leurs planés, leurs piqués, leurs freinages toutes serres devant, attrapant leurs butins et s’élevant à nouveau.
La Venise des Lofoten
Henningsvær, grand village de pêcheurs, surnommé « La Venise des Lofoten » est célèbre pour son port abritant des chalutiers, des morutiers et aussi des bateaux de plaisance. Il existe de nombreux restaurants où déguster les spécialités norvégiennes. Au petit déjeuner, outre le bacon et les œufs, il y a du saumon frais et fumé, des harengs, de la morue, des salades de poissons, des waffles (gaufres servies avec une confiture d’airelles et crème fraîche). Pour le déjeuner, nous avons le choix entre une multitude de poissons dont certains n’arrivent pas jusqu’à nos étals en France. Ceux qui détestent le poisson opteront pour un plat de viande de baleine ou de renne. Sur les marchés, des chalands proposent divers saucissons : baleine, renne, élan. Henningsvær, destination renommée est très animée durant ses nuits blanches. Les bars ferment tard et présentent des groupes locaux : rock, jazz, musique traditionnelle…
L’île d’Hamarøy
Au bout du monde, à l’abri des regards, nous arrivons au phare de Tranøy, construit en 1864 et relié à l’île par une longue passerelle. Cet endroit confidentiel, battu par les vents marins est apprécié des écrivains, des artistes peintres et aussi, des eiders dont c’est l’un des lieux de nidification. Dormir dans les anciennes dépendances des gardiens du phare, à la décoration surannée se révèle charmant. La famille tient l’unique petit restaurant. L’ambiance est intime et il est aisé de bavarder avec ses voisins. L’île d’Hamarøy s’est ralliée au projet artistique du département du Norland : l’implantation d’œuvres d’art dans de la nature, que nous découvrons lors d’une promenade en bord de plage. Difficile de quitter l’île sans visiter le musée Knut Hamsun, à l’architecture résolument moderne. Knut Hamsun, personnage ambigu, autodidacte, lauréat du Nobel de littérature en 1920, admirait Hitler. Mais parallèlement, il sauva 15 jeunes résistants de l’exécution et des juifs de la déportation.
Retour à Bodø
Notre ami norvégien veut absolument nous faire admirer le soleil de minuit. Pour cela, nous montons jusqu’au sommet du mont Rønvikfjelle. Une longue promenade de deux heures nous attend avec un dénivelé tout en douceur et un paysage varié : sous-bois, étangs, rochers. Lorsque nous arrivons au sommet, le soleil à l’horizon rougeoie sur les îles Lofoten. Après avoir embrassé la ligne d’horizon, lentement le soleil s’élève à nouveau. Que l’on se tourne vers la mer ou vers la terre, le paysage reste sublime. Bien que ce point de vue panoramique soit cité dans tous les guides, pas un seul papier ou mégot ne traîne au sol. Les Norvégiens aiment leur contrée et en prennent respectueusement soin.
Barbara ATES VILLAUDY