Picasso 1932. Année érotique.

Picasso 1932. Année érotique.

L’année 2017 peut être considérée sans conteste comme l’une de celles où le génie de Pablo Picasso fut le plus magnifié, grâce à de multiples expositions de grande qualité. Parmi elles, Picasso 1932. Année érotique, présentée au Musée national Picasso, ouverte depuis le 10 octobre 2017, nous invite à parcourir l’œuvre du maître, sous un prisme intime, dans un parallèle pertinent entre sa vie privée et ses créations prolifiques.

« L’œuvre que l’on fait est une façon de tenir son journal », disait Picasso. Au travers quelques 110 tableaux, dessins, gravures et sculptures et une centaine de documents, cette exposition nous entraîne dans une profusion créative quotidienne, qui constitue également un renouvellement dans la peinture de l’époque.

En effet, en 1932, Picasso vient d’avoir 50 ans et sa vie de couple avec Olga, sa première femme, est sur le point de s’achever, alors qu’il entretient, depuis 1927, une liaison des plus torrides avec la jeune Marie-Thérèse Walter. La sensualité de cette relation est illustrée par de nombreuses toiles, où l’érotisme, plus ou moins suggéré, occupe une place prépondérante dans la création de Pablo.

Le rêve, figure de proue de l’exposition, peint dès le 24 janvier, la série des Baigneuses, ainsi que les portraits colorés autour de la figure de sa muse et jeune maîtresse, nous présentent un homme débordant de désir et de sensualité. Si le sexe, comme chez tous les grands génies est indissociable de la création, chez Picasso, il est, au cours de cette année 1932, le fil d’Ariane de son œuvre.

Au-delà de la figure de Marie-Thérèse, la dimension sexuelle est présente dans des œuvres à la portée tragique, pour certaines christique, tels les Sauvetages et autres Crucifixions. Le sexe semble ici établir une jonction entre la vie, la mort et même le divin, thèmes chers à Picasso, qu’il ne cessa de développer au cours de cette année charnière dans sa création, comme le souligne les nombreux portraits que fit de lui son ami Brassaï, entre deux voyages.

Partageant son temps entre Paris et son château de Boisgeloup, c’est dans la capitale, le 16 juin 1932, que sa première rétrospective est inaugurée à la galerie Georges Petit, qui réunit plus de 2000 visiteurs qui déambulèrent devant 223 tableaux, dont une trentaine exécutés spécialement pour l’occasion. Cet événement culturel, artistique et mondain, couru par le tout Paris, participa à faire entrer le maître dans la légende picturale du début du XXe siècle. Picasso est désormais devenu un peintre à la renommée internationale qui, cette même année, expose au Kunsthaus de Zurich, face au regard du public et de la critique.

C’est tout naturellement que paraît dans la foulée, Le Catalogue raisonné de l’œuvre de Pablo Picasso, chez Christian Zervos. Ce premier Opus de la création du maître, qui sera une source précieuse pour Maurice Reims et Roland Dumas, lors de l’inventaire des œuvres de l’artiste après sa mort, consacre Picasso dans son génie créatif.

Organisée en partenariat avec la Tate Modern de Londres et avec le Mécénat de Monsieur Berrnard Arnault et du Groupe LVMH, ce parcours érotico-artistique dans l’œuvre de Pablo Picasso, constitue un délice pour les sens et un bonheur esthétique destiné à un large public, depuis les initiés du maîtres, jusqu’aux plus profanes de son œuvre.

Jusqu’au 11 février 2018

Musée national Picasso
5, rue de Thorigny – 75003 Paris
Métro Saint-Sébastien-Froissart
Du mardi au vendredi de 10h30 à 18h
Le samedi, dimanche et jours fériés de 9h30 à 18h
www.museepicassoparis.fr

Nicolas Callegari