Printemps de Bourges 2018
Les femmes mises en valeur pour la 42ème édition du Printemps de Bourges
Cette année, le festival du Printemps de Bourges souhaitait mettre à l’honneur les artistes femmes. Il faut préciser qu’en général elles sont faiblement représentées dans les festivals de musique, en général seulement de 10 à 30%. Ce sont les canadiennes, qui les premières ont râlé, relayées par les britanniques. De fait, 45 festivals de musiques se sont engagés à opter pour des programmations plus égalitaires. Alors pour l’ouverture de son Printemps, Bourges a choisi un concert exclusivement féminin. En première partie, Naya, 18 ans, toute seule sur cette grande scène a su toucher le public à avec sa belle voix éraillée. Puis Juliette Armanet, scintillante d’argent des pieds à la tête s’est mise au piano et nous a fait vibrer avec son joli timbre de voix. Radieuse, émouvante dans sa proximité avec le public qu’elle a incité à se mettre debout et la rejoindre au pied de la scène afin de danser. Allez savoir pourquoi, l’organisation avait choisi d’installer un parterre de chaises dans ce chapiteau qui usuellement en est dépourvu. Concert d’ouverture destiné au 3ème âge ? Catherine Ringer s’en foutait car elle a annoncé la couleur en commençant son show par un titre de son dernier album: « Et alors sénior c’est comment ? Sénior ? J’adooore », « Comme le temps s’accélère je dois conduire de mieux en mieux ». Puis recouverte d’un voile noir, elle entame « Tristessa », une émouvante chanson retraçant le poids de l’absence. Nul doute que les paroles s’adressent à son compagnon Fred Chichin : « le creux de ton empreinte vibre encore », « je t’ai cherché », « le temps qui sépare mais répare aussi ma vie». Elle termine cette brillante interprétation en mimant le mort à qui l’on ferme les yeux et la bouche. Elle reprend aussi des chansons de l’ère des Rita Mitsouko avec « Marcia Baïla », « le petit train » et nous démontre qu’au niveau danse, elle est toujours aussi gracieuse. La gestuelle des mains, le délié de ses bras laisse penser qu’elle s’est adonné à la danse orientale ou indienne ou bien les deux et qu’indéniablement elle poursuit. Toujours est-il qu’elle n’a rien à envier aux jeunettes. Il est clair que Catherine Ringer n’a rien perdu de son talent, de cette voix capable de monter dans les aigus pour redescendre aussi rapidement vers les graves. Lors de son rappel, avec beaucoup d’émotion, de justesse, elle a magnifiquement repris « Pars et surtout ne te retourne pas » de Jacques Higelin. Puis théâtrale, regardant le ciel : « mais qui revient ? A c’est toi Jacques, mais tu es avec qui ? Andy, tu es là ! » Et bien sûr, espiègle, elle a entamé son tube « Andy dit-moi oui ». Les années passent et Catherine Ringer reste une artiste lumineuse, une femme sublime, elle a ravi son public.
Puis Véronique Sanson est arrivée pantalon noir et queue de pie blanche. Radieuse, elle a lancé à son public « vous m’avez manqué ! ». Avec un immense sourire elle a poursuivi « je vous invite à un voyage avec des chansons que vous connaissez, ou pas, ou mal, ou peut-être ». Certains titres comme « radio vipère » était issu de son dernier album « Dignes dingues, donc… ». Elle était accompagnée d’un très bel orchestre de 14 musiciens. Avec cette voix à la tessiture si particulière, si belle, elle a repris des titres comme « Vancouver, ma révérence » connu d’un public qui lui était acquis. D’ailleurs ce dernier tenait absolument à lui fredonner : « joyeux anniversaire ». Catherine Ringer fera d’ailleurs une apparition pour lui chanter : « on t’aime Véronique, joyeux anniversaire ». Elle l’embrasse et s’éclipse. Véronique, vibrante, s’extasie: « Quel bonheur, c’est le plus beau jour de ma vie », pour le public, cela l’était aussi.
Barbara Ates Villaudy
Crédits photos Gianni Villa