Faut-il voyager pour être heureux ? interroge la Fondation EDF jusqu’au 29 janvier 2023. Alors que la question environnementale s’installe durablement dans le débat publique, l’exposition nous invite à réfléchir sur le tourisme en particulier, considéré comme un paramètre essentiel de bien-être en Occident malgré ses nombreux revers. 32 artistes contemporains ont été conviés à partager leur regard sur la question.
Le tourisme demeure l’apanage d’une élite parmi les habitants du globe terrestre. Dans une grande partie de la planète, les déplacements géographiques sont souvent des migrations subies, notamment pour raisons climatiques ou pour exil. Rendre le monde fréquentable, remettre en question les plaisirs de la mobilité facile, avoir en tête les inégalités migratoires, sont autant de thématiques mises en lumières par les artistes, tandis que d’autres invitent à se rapprocher du monde et se réconcilier avec une écosophie, la philosophie de l’écologie, trop souvent mise de côté dans nos sociétés contemporaines occidentales.
L’œuvre olfactive Ascension de Julie C. Fortier sent la terre, le goudron, la rose. L’artiste québécoise créé les différents parfums qui imprègnent ses compositions et nous transporte sur un « chemin d’odeurs » menant à des paysages imaginaires. Jean-Christophe Normand est pour sa part fasciné par la lumière. Lorsqu’il voyage, il emporte avec lui de petites toiles et une palette de couleurs, sur lesquelles il peint les lumières à différents moments de la journée. De manière aléatoire, il créé un patchwork de ces lumières du monde, capturées dans ces petits rectangles peints regroupés dans l’œuvre Biographies.
Nathalie Talec, artiste passionnée par les pôles, présente la photographie Cinq minutes sur la route du pôle, qui la met en scène vêtue d’une combinaison de ski, en train de sortir d’un métro en Allemagne. L’œuvre s’accompagne de raquettes couvertes de strass Swarovski, symbole implicite de l’absence de présence féminine dans l’histoire des expéditions vers les pôles, alors même que des femmes y ont participé dès le XVIIIe siècle.
Entre récit sociologique et imaginaire artistique, La Fondation EDF propose différents points de vue pour questionner le voyage, sujet bien plus riche et complexe qu’un simple moyen d’évasion. Abraham Poincheval, David Ancelin, Ange Leccia, Pierre Huyghe et bien d’autres artistes de renommée internationale se sont joints à l’aventure. Cette diversité d’œuvres contemporaines donne plusieurs clefs pour mener une réflexion vers des déplacements plus consciencieux, en répondant à une question simple : « une mobilité infinie dans un monde fini est-elle possible ? ». Au tour des visiteurs de formuler leur propre réponse.
Commissariat d’exposition : Nathalie Bazoche, Alexia Fabre, Rodolphe Christin
Julie Goy
Du 20 mai 2022 au 29 janvier 2023
Fondation EDF, 6 rue Juliette Récamier, 75007 Paris
Du mardi au dimanche, de 12h à 19h
Visite gratuite sur réservation sur http://www.affluences.com