La pièce s’ouvre sur une scène somme toute assez ordinaire : la directrice d’un petit théâtre demande à son régisseur, dévoué bien qu’un peu bougon, d’installer sur la scène un nouveau meuble, une banquette. Bernard, dans un parler assez relâché, ne se gêne pas pour signaler à Evelyne qu’il trouve le bibelot aussi laid et vieillot qu’inutile. Outrée, la maîtresse des lieux lui apprend que la banquette, il est vrai un peu poussiéreuse, a appartenu à la grande Sarah Bernhardt, icône de la Belle Epoque, ce qui est loin de passionner l’humble régisseur.
De l’indifférence envers le meuble, Bernard passera à l’inquiétude, voire à l’effroi, lui attribuant toute sorte de dysfonctionnements, de pannes frappant le petit théâtre. Aux côtés de la relique, il sera parfois même comme possédé, effrayant à son tour l’aimable directrice.
Pour élucider ce mystère, Bernard se verra forcé d’abandonner son rationalisme et s’ouvrir, sous la conduite de la bienveillante Evelyne, aux passionnants secrets de l’inconscient, qui le mèneront dans les couloirs du temps et de l’imaginaire. En les empruntant, Bernard découvrira, et apprendra à connaître Bernhardt, dans des aller-retours entre le passé et le présent, parfois graves, mais bien souvent comiques. Cette alternance rappelle la vie même de Sarah : le jour, par l’interprétation de ses pièces, elle semait la gaieté dans les salles, avant de se coucher le soir dans un cercueil, pour se souvenir de sa condition mortelle…
Dans cette pièce où deux acteurs jouent trois, voire quatre rôles, vous comprendrez toute de la puissance de l’amour et de la haine, qui peuvent agir par-delà le temps, et même brouiller les frontières qui pourraient a priori exister entre un régisseur et sa directrice… L’intrigue s’ouvre au crépuscule et se clôture avec l’aube, alors, tout cela n’est peut-être qu’un rêve, mais un rêve merveilleux que nous ne pouvons que vous inviter à découvrir…
Une pièce écrite et mise en scène par Marianne Zahar, interprétée par Marianne Zahar et Éric Moscardo.
Tous les mardis du 10 mai au 15 juin à 19h30
François Bouyé
Théâtre du Gymnase Marie Bell, 38 boulevard Bonne Nouvelle, 75010 Paris