Après le succès considérable de Toutankhamon en 2019, la Grande halle de la Villette accueille une exposition exceptionnelle : Ramsès et l’or des pharaons. On se questionne immédiatement sur le choix du titre : pourquoi Ramsès et non Ramsès II, pharaon à l’honneur de l’exposition ? Ramsès II est la figure éternelle qui donne son nom à tous les autres, ceux qui tentent de l’égaler, jusqu’à Ramsès XI. Il est le pharaon des records : 67 ans de règne, des centaines d’enfants, des constructions pharaoniques. Né en 1304 avant J-C, Ramsès II symbolise le pouvoir et la richesse, l’agrandissement des frontières et la paix restaurée avec ses voisins. C’est l’apogée de la civilisation égyptienne, l’empire est submergé de richesses venues de toutes parts.
La première partie de l’exposition est entièrement consacrée au règne de Ramsès. Dès l’entrée dans la première salle, une tête de statue colossale en granit le présente au tout début de son règne, sous les traits de la jeunesse, couronne blanche au sommet de la tête. C’est la première fois que cette Tête de colosse de Ramsès II (Nouvel Empire, XIXème dynastie) est présentée hors d’Égypte.
Le règne de Ramsès II est marqué par les guerres qu’il mène, notamment contre l’empire hittite (l’actuelle Turquie). De nombreux objets montrent le pharaon tout puissant, qui empoigne ses adversaires afin de les exécuter, magnifiant ainsi sa force et son pouvoir. Un bloc de pierre en calcaire le représente hache à la main, s’apprêtant à tuer trois des ennemis de l’Égypte : un Syrien, un Nubien et un Libyen. Sa taille colossale, qui contraste avec celle de ses prisonniers, souligne sa puissance et sa domination sur les étrangers.
Les victoires de Ramsès sont souvent immortalisées par la construction de nouvelles villes, de temples élaborés et de statues colossales dans l’ensemble de son royaume. Sa puissance se manifeste ainsi par l’opulence de sa campagne de construction, la plus importante entreprise par un pharaon. Le temple d’Abou Simbel, creusé dans la montagne, en est sans doute l’exemple le plus éclatant. Ce temple fait partie des plus grandes merveilles d’Égypte : à son entrée, quatre colosses de près de vingt mètres de hauteur lui servent de sentinelles. Ces statues représentent Ramsès II, assis sur un trône.
La seconde partie de l’exposition est dévolue à la mort et à ses rituels. Afin de comprendre l’importance du funéraire en Égypte, une salle du parcours aborde le thème de la momification animale. Les égyptiens considèrent que certains animaux facilitent la communication avec les divinités. Des espèces animales sont ainsi traitées avec une grande dévotion afin de s’attirer les bonnes grâces des dieux. De nombreuses momies d’animaux jamais présentées auparavant sont exposées et témoignent du soin apporté aux dépouilles. On y voit des chats, une mangouste, ainsi qu’un sarcophage et un cercueil en bois pour scarabées, crocodile ou chat momifiés.
La suite du parcours présente les rituels funéraires des hommes. Les sarcophages royaux surprennent par leur faste, leur préciosité, leur degré de raffinement : masques funéraires, colliers, doigtiers, cercueils richement ornés, à l’image de celui de Chéchonq II, roi de la XXIIème dynastie, présenté pour la première fois en France : rehaussé de feuilles d’or, il n’a pas son équivalent au monde. La fin du parcours consacré aux objets mortuaires trouve son apogée dans une petite salle confinée où le visiteur découvre le cercueil de Ramsès II, exceptionnellement prêté par les autorités égyptiennes.
Les richesses accumulées au Nouvel Empire sont nombreuses. À l’époque de Toutankhamon, la production d’or s’élève à plus de 300 kg par an. Extrait des nombreuses mines qui émaillent le territoire égyptien, l’or entre dans la compositions de splendides bijoux. Dans la liturgie, il est dit que les os des dieux sont faits d’argent et leur chair d’or. Ainsi, chaque bijou ou masque illustrent cette idée d’inaltérabilité du corps, promis à une vie éternelle.
Un collier d’or et de gemmes incrustés, au nom de Psousennès Ier, offre un exemple magistral d’orfèvrerie. Pesant plus de 8kg, ce collier est composé de près de 5000 rondelles sur cinq rangées ainsi que de chaînes ornées de petites clochettes.
Au-delà de l’événementiel spectaculaire que cette exposition représente, d’une volonté bien affichée de battre tous les records d’entrée, il faut néanmoins reconnaître que Ramsès et l’or des pharaons peut parler à toute génération, car la mythologie égyptienne est au fondement de nos civilisations d’aujourd’hui.
Perrine Decker
du 7 avril au 6 septembre 2023
Grande halle de la Villette, 211, avenue Jean Jaurès, 75019, Paris
Ouvert tous les jours de 10h à 19h – Dernière séance à 17h30
Billetterie et réservations : https://lavillette.com/programmation/ramses_e1660