Raoul Dufy, Les couleurs du bonheur ou le bonheur des couleurs.
C’est comme on voudra. La peinture de Dufy c’est le contraire de la contrainte. C’est la liberté !
C’est la liberté d’un artiste qui crée comme il l’entend sans mettre ses pas dans ceux de ses amis qui impulsent modes et mouvements picturaux et tiennent le haut du pavé dans ces années d’entre deux guerres. Dufy peint ce qu’il aime comme il le sent.
C’est, pour celui qui s’attarde sur son œuvre, la liberté d’y lire la gravité sous la légèreté, un optimisme inquiet ou un pessimisme tranquille.
Il peint les champs de course et les orchestres, les anémones et les années folles, les casinos, les yachts, les voiliers, la plage, la mer, Venise et les élégantes qu’habillait Poiret. Il peint l’insoutenable légèreté de l’être.
Dufy peint la lumière qui illumine ses huiles comme ses aquarelle.
Sa création et son pinceau demeurent légers même quand en 1936 il s’affronte à une commande institutionnelle aussi gigantesque que triomphaliste comme La Fée Électricité pour le Palais de Tokyo à Paris.
On tremble encore à l’idée qu’un Gromaire ou même un Léger ait obtenu la commande; l’un comme l’autre n’aurait pas manqué de nous assener un discours muraliste néo-marxiste et néo- pompier.
Une maquette de l’œuvre de Dufy, tout emprunte de cette apparente facilité qui était la marque de fabrication de l’artiste, est présente dans l’expo parmi près de 300 oeuvres. Certains soirs elle devient fond de scène pour des groupes de musiciens invités à jouer devant elle.
C’est Dufy qui doit être content lui qui n’aimait rien tant que le jazz.
D’ailleurs sa peinture c’est aussi de la musique, celle d’Éric Satie, celle de Gershwin ou de Duke Ellington.
C’est une peinture à aller écouter
Jusqu’au 9 octobre 2017
Musée Cocteau
2, quai de Monléon – 06500 Menton
tous les jours de 10h00 à 18h00 (sauf mardi)
Pierre Vauconsant